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aux généreux défenseurs de sa patrie. Si l’amour que ladi Sara lui inspire, étoit capable de balancer dans son cœur des devoirs si saints, je le mépriserois ; oui, continua-t-il en se levant avec vivacité, je le mépriserois, et son sort ne me toucheroit plus ».

Ce discours éleva un mouvement terrible dans l’ame de milord Alderson, mais il s’efforça d’en réprimer la violence ; et prenant la parole avec cette froideur, plus insultante que l’éclat de la colère : « Je ne m’attendois pas, répondit-il, à m’entendre jamais dire, malgré le prix où je voudrois la mettre, que mon alliance pût déshonorer personne. Vous n’avez pas réfléchi sur vos expressions, Milord ; au moins je le suppose. Mais si Edouard consent à mes désirs, êtes-vous déterminé à lui retirer votre amitié, à le priver de vos bienfaits, même à le mépriser ? — Oui, reprit le Comte d’un ton ferme ; si vous l’avez prévenu, s’il se soumet à vos volontés, il a déjà perdu un père en moi, et je ne le connois plus ».

« C’est assez, dit milord Alderson ; Edouard ne sait rien, et vous pouvez lui continuer vos bontés. J’ouvre les yeux, je vous remercie de m’avoir éclairé sur la faute que j’allois commettre ». Et prononçant ces mots, il sortit de son cabinet ; et passant dans un salon où les notaires attendoient, il prit l’acte des mains de celui qui y travailloit, et le déchirant avec emportement : « Je jure, s’écria-t-il, que ladi Sara ne sera jamais duchesse de Salisbury » ; et s’adressant à milord Revell : « Elle ne portera ni le nom, ni le titre d’un vil conspirateur ».

Il parloit encore lorsque le Comte, enflammé de