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la vie, d’où naît le désir de perpétuer un nom, trop souvent avili par des héritiers, avoit destiné Sara à faire revivre les branches de Rivers et d’Alderson, réunies toutes deux en lui. Le goût qu’il prit d’abord pour Edouard, la grandeur et l’ancienneté de la maison de Salisbury, le flattèrent et l’engagèrent à renoncer au projet de donner Sara au fils de sa sœur ; mais la longue maladie de milord Revell lui laissa le loisir de s’abandonner à de nouvelles réflexions, et ramena dans son esprit le dessein d’obliger l’époux de Sara à porter le nom d’Alderson.

La situation où se trouvoit le fils du duc de Salisbury, fit penser à Milord qu’il ne devoit pas se regarder au-dessus d’un simple gentilhomme. Tenant tout de l’amitié du comte de Revell, encore incertain d’être replacé au rang de ses pères, peu sûr que le Roi lui permît de porter ses titres, il pouvoit s’estimer heureux d’en recevoir un de la main de Sara. D’ailleurs, son amour étoit un garant de sa complaisance ; ainsi, sans daigner lui parler de ce qu’il méditoit, Milord crut seulement nécessaire d’obtenir l’agrément du Comte. Il n’imagina pas trouver la plus légère difficulté de sa part ; et dans cette confiance, il lui découvrit ses desseins : mais quand il se flattoit de les lui voir approuver, il ignoroit combien le comte de Revell étoit attaché à la mémoire d’un ami malheureux.

Ce Lord avoit mis toute son ambition à relever une maison dont le chef vivoit encore dans son cœur. Pour prix des longs et utiles services rendus avec zèle à sa patrie, il ne vouloit, il ne demandoit que la réhabilitation d’Edouard ; c’étoit depuis vingt ans, l’u-