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son trouble, ses pleurs, son désordre la rendoient plus touchante encore. Edouard, emporté par la violence de sa passion, cessa de l’écouter, de l’entendre ; il ravit, peut-être obtint cette faveur si chère, si précieuse, si vivement souhaitée, demandée avec tant d’imprudence, et refusée avec trop de foiblesse.

Que de joie dans les yeux du jeune Lord ! Quelle tendre confusion dans ceux de ladi Sara ! Quels transports ! Que de promesses, de sermens de n’oublier jamais ce moment flatteur ! Que de plaisirs goûteroit une femme dont la complaisance vient de rendre heureux son amant ; combien elle s’applaudiroit de se voir l’arbitre de son bonheur ; que cet instant seroit doux pour elle, si je ne sais quelle amertume, vivement sentie, mais difficile à exprimer, ne se mêloit à l’agréable prestige ! Elle naît sans doute de l’atteinte que nous avons osé porter à nos principes. Dès que nous quittons le sentier de la vertu, la douleur s’introduit dans notre ame ; ses premiers mouvemens nous inspirent le regret du passé, et la crainte de l’avenir.

Trois heures s’étoient rapidement écoulées, quand ladi Sara avertit Edouard qu’on les attendoit peut-être pour signer, et le pressa de retourner auprès de milord Revell. Il ne voulut point la quitter ; il lui donna la main, et la conduisit à son appartement. En traversant une galerie qui y menoit, elle aperçut en bas des valets en mouvement, un carrosse attelé dans la cour, et vit avec surprise que c’étoit celui du comte de Revell. Bientôt elle entendit la voix de ce Lord. D’un salon au—dessous de la galerie, il