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Edouard transporté, tomba à ses genoux, passa ses bras autour d’elle ; et la pressant tendrement : « On nous marie demain, lui dit-il d’un ton bas et timide ; on vous donne à moi. Je vous devrai à l’acte authentique qui se passe en ce moment, à une cérémonie publique, à l’ordre de votre père, aux bontés d’un ami ! pourquoi ne vous devrois-je pas à présent à votre choix, à l’amour, à nos communs désirs ? La preuve de vos sentimens dépend aujourd’hui de vous. Demain, elle sera la suite indispensable du vœu d’obéissance que vous aurez prononcé au pied des autels. Ah ? si vous m’aimez, partagez mon ardeur, comblez mes souhaits ; que je puisse me dire : Sara, ma chère Sara s’est donnée à son amant ».

« Qu’osez-vous me proposer, interrompit-elle ? Est-ce à moi ! Est-ce à celle dont vous recevez demain la foi, que vous montrez ce désir offensant ? Quand un engagement sacré va remplir vos espérances, voulez-vous ?… Je ne veux rien, dit tristement Edouard ; je demande, et n’exige pas. Je suis téméraire, hardi, condamnable, sans doute, si vous m’opposez un honneur de convention, les préjugés, l’usage chaînes cruelles ! dont la politique et l’intérêt forgèrent le tissu gênant. Un mouvement que la nature inspire à tous les êtres sensibles, un sentiment vrai, mes désirs, la liberté, voilà mes droits. La complaisance, l’amour, la bonté, doivent les faire valoir dans votre cœur. Je n’ai aucune raison contre vos refus ; mais je sens une passion extrême de jouir d’un bien qui me soit donné, et m’assure que je suis vraiment l’objet de votre préférence. Cédez, continua-