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nome, lui apprit à retrancher ces dépenses inutiles qui appauvrissent un grand, et lui ôtent le pouvoir d’être libéral. Milord Revell sacrifia les airs à la bonté. Ses biens augmentèrent considérablement par son application à les régir lui-même ; il mit tous ses soins à rendre son élève accompli. Docile et reconnoissant, Edouard profita si bien d’une excellente éducation, qu’à l’âge de dix-huit ans personne en Angleterre ne l’égaloit. Il en accomplissoit vingt-deux, quand le comte de Revell fit l’acquisition de Wersterney. Revenu depuis six mois de ses voyages, le jeune Lord, nouvellement entré dans le service, passa un peu de temps à son régiment ; et vers le milieu de l’automne il se rendit auprès de milord Revell.

La proximité de leur demeure offrant souvent a Edouard et à Sara des occasions de se voir, les conduisit bientôt à connoître qu’ils étoient formés pour se plaire. Ladi Sara admira Edouard, et il sentit un désir si vif d’être aimé d’elle, que, perdant le goût de tous les amusemens, il tomba dans une mélancolie dont milord Revell s’aperçut. Il s’en inquiéta, et voulut en apprendre la cause. Edouard, naturellement vrai, ne pouvoit manquer de confiance pour un ami si généreux ; il lui ouvrit son cœur avec cette noble franchise qui est inséparable d’une belle ame, avouant à Milord que toutes ses espérances de bon heur étoient détruites, s’il désapprouvoit ses sentimens.

Le Comte auroit souhaité que son penchant se fût déclaré pour une autre. Il n’estimoit pas milord Alderson, et le voyoit rarement ; cependant il rendoit