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verai point sir Henri d’un brillant héritage ; les projets de milord Alderson ne peuvent ni m’intéresser, ni s’accorder avec les miens. Je ne veux rien de lui ; je ne veux ni le voir, ni entrer dans aucune négociation sur ses desseins. Par ce que je vais vous apprendre, vous jugerez, Madame, si mes refus sont fondés, et peut-être cesserez-vous de m’accuser de bizarrerie et de dureté.

Milord Alderson, un des plus riches pairs de la Grande-Bretagne, passa ses premières années à Londres. Il étoit bien fait, d’une figure charmante. Après avoir visité les différentes Cours de l’Europe, il reparut dans sa patrie avec mille nouveaux agrémens. Ses voyages et de longues recherches, lui donnoient un goût particulier pour tout ce qui rend l’extérieur aimable. Il savoit la musique, dansoit parfaitement, avoit assez d’esprit, peu de sens, encore moins de principes. Il parloit bien, pensoit mal, étoit vain, hardi, inconsidéré, s’aimoit beaucoup, négligeoit tout, excepté sa personne. Il ne connut jamais l’amour, se fit une étude d’en feindre, et mit sa gloire à persuader qu’il en inspiroit. Il devint l’objet de l’entêtement de ces femmes, toujours passionnées, jamais sensibles, dont le cœur froid et l’imagination vive voudroient couvrir du nom de tendre foiblesse le goût qui les détermine à chercher le plaisir. Moins condamnables, peut-être, si son attrait seul les guidoit ; et plus heureuses, si elles ne le cherchoient pas souvent en vain.

Milord fut quelque temps à la mode ; mais il cessa de plaire, et rien ne put l’en consoler. Il arrive assez