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confiance n’altère point une estime conservée tant d’années ; suspendez votre jugement. Ma mère fut foible, mais elle ne fut point méprisable. On veut me contraindre à l’accuser moi-même, à révéler sa faute, on me presse d’en produire les preuves ; c’est un nom, des armes, de riches possessions, des titres fastueux, que l’on met en balance avec mon respect pour sa mémoire. Périssent à jamais tous ces vains monumens de l’orgueil, plutôt que d’être acquis par une démarche si coupable. Je hais l’enfant qui, par une réclamation intéressée, déshonore la mère dont il veut être avoué. Non, on ne m’entendra point troubler les cendres de la mienne, par le récit public de ses malheurs. Je puis les répandre dans votre sein, Madame ; mais ils ne deviendront point le sujet d’une basse contestation entre sir Henri Lindsey et moi. Ce parent de milord Alderson vient de s’attirer sa haine, en cédant au penchant de son cœur, en préférant une fille aimable à la riche héritière qui lui étoit destinée. Milord veut lui retirer ses bienfaits. Un acte du parlement rend ses dispositions difficiles à changer. Le désir ardent de punir sir Henri, le porte à m’offrir de me reconnoître, à me presser de l’attaquer à la chancellerie.

Ce lord, dont l’amour obstiné ne se rebute point par mes longs mépris, lui promet le titre de duc, à l’instant où il me recevra de ses mains : ainsi l’ambition et la vengeance tiennent, dans l’ame de milord Alderson, la place de ces sentimens généreux que vous lui supposez. Mais l’infortunée qu’il abandonna si long-temps, ne peut s’y tromper. Non, je ne pri-