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sirer que l’on trouve les moyens de déterminer quelles sont celles dont la valeur réelle s’élève ou s’abaisse. Pour cela, il faudrait les comparer, séparément, avec un étalon invariable, un criterium qui serait inaccessible a toutes les fluctuations qu’éprouvent les autres marchandises. Or, il est impossible de se procurer cette mesure type, par la raison qu’il n’est pas de marchandise qui ne soit elle-même exposée aux variations qui atteignent les objets dont il s’agirait de calculer la valeur : en d’autres termes, il n’en est aucune qui ne nécessite pour sa création des quantités variables de travail. Mais, si même il était possible d’annuler pour un étalon déterminé toutes les oscillations de valeur ; s’il était possible de consacrer toujours, par exemple, la même somme de travail à la fabrication de notre monnaie, on ne serait pas encore parvenu à obtenir un type parfait, une mesure invariable. Comme je l’ai déjà indiqué, en effet, il faudrait encore tenir compte de l’influence produite par les mouvements des salaires, par les différentes proportions de capital fixe nécessaire pour créer cette mesure et les autres marchandises dont on voudrait déterminer les variations de valeur, enfin, par la durée plus ou moins grande du capital fixe, et le temps nécessaire pour amener les marchandises sur le marché ; — toutes circonstances qui enlèvent un objet quelconque la faculté de servir comme type exact et invariable.

Ainsi, on ne saurait prendre l’or comme étalon, car l’or, comme toute autre marchandise, est produit par une certaine quantité de travail unie à un certain capital fixe. Des améliorations peuvent être introduites dans les procédés qui servent à le produire, et ces améliorations peuvent déterminer une baisse dans sa valeur relative avec les autres objets.

En supposant même que l’or fit disparaître cette cause de variation, et que la même quantité de travail fût toujours nécessaire pour obtenir la même quantité d’or, il resterait encore comme obstacle les différences entre les proportions de capital fixe et le capital circulant qui concourent à la production des autres marchandises : — à quoi il faudrait ajouter encore la durée plus ou moins grande des capitaux, le temps, plus ou moins long, nécessaire pour livrer l’or sur le marché. L’or pourrait donc être une mesure parfaite des valeurs pour toutes les choses produites dans des circonstances exactement semblables, mais pour celles-là seules. Si, par exemple, il était créé dans les mêmes conditions que celles nécessaires pour produire du drap ou des cotonnades, il déterminerait fort exactement la valeur de ces