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lement exigé le double de travail ; dans le second cas, la somme de travail reste la même, et cependant il y a accroissement de valeur. Cette différence dans la valeur des marchandises naît de ce que, dans les deux cas, les profits se sont joints au capital et réclament, conséquemment, une compensation équitable.

De tout ceci, il résulte que les différentes proportions de capital fixe et de capital circulant employés dans les diverses branches de l’industrie, modifient considérablement la règle qui s’applique aux époques où la production n’exige que du travail. Cette règle générale voulait que la valeur des marchandises fût dans le rapport du travail consacré à les produire ; les considérations présentées dans cette section démontrent que sans variations aucunes dans la quantité de travail employée, la hausse des salaires suffit pour déterminer une baisse dans la valeur échangeable des marchandises dont la production exige une certaine somme de capital fixe : plus grand sera le montant du capital engagé, plus importante sera la baisse.

SECTION V.

Le principe qui veut que la valeur ne varie pas avec la hausse ou la baisse des salaires, se trouve encore modifié par la durée du capital et par la rapidité plus ou moins grande avec laquelle il retourne à celui qui l’a engagé dans la production.

Dans la section précédente nous avons supposé deux sommes de même importance engagées dans deux industries différentes et inégalement subdivisées en capital fixe et capital circulant ; supposons maintenant que cette subdivision soit la même, mais que la différence se trouve être dans la durée de ces capitaux. Plus un capital se consomme rapidement et plus il se rapproche de la nature des capitaux circulants ; il disparaît pour reparaître bientôt et retourner au manufacturier. Nous venons de voir que plus le rapport du capital fixe domine dans une manufacture et plus la valeur des marchandises qui y sont produites tend, sous l’influence d’une augmentation de salaires, à s’abaisser relativement aux marchandises créées dans des fabriques où l’on trouve plus de capital circulant. Il en résulte donc. que la même cause produira les mêmes effets avec d’autant plus d’intensité que le capital se consommera plus rapidement et se rapprochera davantage de la nature des capitaux circulants.

Si le capital engagé est d’une nature périssable, il faudra chaque année de grands efforts pour le maintenir dans son intégrité ; mais ce