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mité de la Chambre des communes destiné à examiner la législation des dépôts, et à déterminer les relations qui existent entre les consignateurs étrangers et nos consignataires de marchandises. Le comité fit comparaître M. Richardson, appartenant à la maison Richardson, Overend et Cie, tous banquiers notables de la cité. On lui demanda :

D. « N’avez-vous pas l’habitude d’escompter, à l’occasion et sur la garantie de marchandises déposées entre vos mains, une masse très-considérable de valeurs souscrites par des négociants ou par des particuliers ?

R. « Ces escomptes s’élèvent effectivement très-haut.

D. « N’avez-vous pas donné à vos opérations d’escompte et de change un développement immense, qui dépasse même de beaucoup le chiffre atteint par les autres maisons de cette ville ?

R. « Je crois que cette supériorité est très-considérable.

D. « Atteint-elle plusieurs millions tous les ans ?

R. « Elle en embrasse une grande quantité, près de vingt millions en moyenne, et quelquefois davantage. »

La déposition de M. Richardson témoigne, je pense, d’une manière satisfaisante de l’étendue de ces transactions auxquelles la Banque n’a jamais pris la moindre part. Personne n’hésitera à croire que, dans le cas où la Banque se dissoudrait et répartirait individuellement tout son capital parmi les actionnaires, les opérations de M. Richardson et de ses confrères en recevraient un accroissement considérable. D’un côté, ils seraient assaillis par des demandes d’escomptes plus nombreuses ; de l’autre, un grand nombre de propriétaires d’espèces s’adresseraient à eux pour en obtenir l’emploi : cette branche de commerce s’alimenterait rigoureusement de la même quantité de capitaux. Et si ces capitaux n’étaient pas utilisés directement par la Banque, ou par les actionnaires, mis en possession de leurs propres deniers, ils aboutiraient inévitablement, par des voies directes ou détournées, à être appliqués par M. Richardson, ou tout autre banquier, au développement du commerce et aux besoins de l’industrie nationale : car il ne se présenterait pas de placement plus favorable.

Si le coup d’œil que j’ai jeté sur ce sujet est exact, il en résulte que l’on peut enlever à la Banque d’Angleterre le privilège d’émettre de la monnaie de papier, sans compromettre l’avenir du commerce, et en avant soin, toutefois, que les émissions du gouvernement soient rigoureusement égales à la circulation annulée de la Banque. Il en résulte encore que le seul effet produit par cette mesure serait d’en-