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revenu total de ces 20 millions ; et cette perte ils ne l’eussent pas supportée s’ils n’avaient pris le rôle d’exportateurs.

Quelle que soit l’importance des restrictions imposées à leurs exportations par les pays étrangers, la hausse dans le prix des blés s’y arrêterait toujours en raison de la quantité supplémentaire de céréales produite en vue de notre marché.

Quant à la production du blé, et en » prenant un seul pays pour point d’observation, on a remarqué que si les récoltes sont mauvaises dans un district, elles sont généralement abondantes dans un autre, et que si les saisons ont été fatales à un sol ou à une localité, elles ont été favorables à une localité et à un sol différents. C’est ainsi que la Providence, exerçant son pouvoir régulateur, nous a généreusement protégés contre le retour fréquent des famines. Si cette observation est juste, appliquée à un pays, quelle puissance n’acquiert-elle pas si on l’étend à l’ensemble des pays qui composent notre monde ? L’abondance d’un pays ne viendra-t-elle pas toujours suppléer à la disette qui afflige d’autres points : et après l’expérience personnelle qui nous démontre l’influence fécondante des prix élevés sur la masse des approvisionnements, nous est-il permis de croire aux dangers qui nous menaceraient, si nous laissions aux importations le soin de nous fournir le blé nécessaire à notre consommation de quelques semaines ?

Tous les documents, que j’ai consultés tendent à établir que le prix du blé en Hollande, c’est-à-dire dans un pays dont l’approvisionne ment dépend presqu’entièrement des marchés étrangers, a été d’une fixité remarquable, et cela au milieu des convulsions qui ont dernièrement agité l’Europe. Malgré l’exiguité de ce pays, un tel phénomène prouve que l’effet des mauvaises saisons ne frappe pas exclusivement les pays importateurs.

Je reconnais que l’agriculture a été enrichie de nombreux perfectionnements et que de grands capitaux ont été consacrés à la culture du sol ; mais tant d’efforts et de perfectionnements n’ont pu vaincre les complications naturelles qui résultent pour nous d’une richesse et d’une prospérité en progrès, et qui nous obligeront à cultiver à perte nos terres inférieures si l’on restreint ou si l’on prohibe l’importation du blé. Si, dégagés des entraves de la législation, nous étions livrés à nous-mêmes, nous enlèverions de la culture de ces terrains arides les capitaux qui y sont engagés, et nous demanderions à l’importation la masse de produits qu’ils nous donnent aujourd’hui. Le capi-