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3o La découverte de nouveaux marchés d’où il soit possible d’exporter le blé à un prix inférieur au coût de la production indigène.

La première de ces causes agit d’une manière plus ou moins constante, suivant que le taux des salaires se rapproche plus ou moins de la rémunération légitime qui est nécessaire à la subsistance du travailleur.

Ces oscillations des salaires sont communes à toutes les périodes des sociétés ; elles les accompagnent à titre égal dans la phase stationnaire, ascensionnelle ou rétrograde. Dans la phase stationnaire elles se règlent entièrement sur l’accroissement ou la décadence de la population. Dans la phase progressive elles varient suivant que le capital ou la population se développe plus rapidement. Dans la troisième phase enfin, elles agissent suivant que le capital ou la population a déchu avec plus de rapidité.

Comme l’expérience démontre que tour à tour le capital et la population sont en avant du mouvement et que les salaires sont en conséquence alternativement élevés et exigus, il est impossible de rien statuer de positif sur la question des profits envisagés relativement aux salaires. Mais je pense qu’il est possible de prouver surabondamment que, dans toute société où la richesse et la population sont en voie de progrès, les profits généraux doivent fléchir indépendamment de l’influence des salaires, à moins toutefois que l’agriculture n’ait été enrichie dé quelques perfectionnements ou que l’on ne puisse importer du blé à un prix inférieur.

Ces conclusions semblent dériver nécessairement des principes que nous avons considérés comme réglant les mouvements de la rente. Cependant elles seront difficilement acceptées par ceux qui attribuent la marche des profits à l’extension du commerce et à la découverte de nouveaux marchés où nos marchandises trouvent des prix plus élevés, et où nous pouvons nous procurer à des conditions plus douces les denrées étrangères, — faisant ainsi abstraction totale de l’état de la terre et du taux des bénéfices obtenus sur les dernières portions de capital agricole. Rien n’est plus fréquent que d’entendre répéter que les profits de l’agriculture ne règlent pas plus les profits commerciaux, que ces derniers n’influent eux-mêmes sur les bénéfices agricoles. On soutient qu’ils dominent alternativement ; et si les profits du commerce s’élèvent effectivement, comme on le prétend, lors de la découverte de nouveaux marchés les profits de l’agriculture augmenteront aussi ; car il est admis que s’ils n’augmentaient pas on enlèverait le capital à la terre pour l’affecter aux opérations les plus avantageuses. Mais si les