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prendre un libre essor et que la production ne sera pas limitée par les lois de la nature, comme dans le cas spécial de quelques vins, la valeur échangeable des marchandises se réglera en dernier ressort sur la difficulté ou la facilité de leur création[1]. Il semble, alors, que le seul effet du développement de la richesse sur les prix, indépendamment de tout perfectionnement agricole ou manufacturier, se réduit à élever le prix, des produits naturels et du travail, et à abaisser le taux général des profits à raison de l’accroissement des salaires, — laissant d’ailleurs toutes les autres marchandises à leur valeur première.

Ce fait a plus d’importance qu’on ne serait disposé à lui en accorder tout d’abord, car il touche aux intérêts du propriétaire et de toutes les classes de la société. Les conséquences de l’accumulation, en accroissant les difficultés de la production agricole, améliorent la situation du propriétaire sous deux formes distinctes : elles lui donnent une plus grande quantité de produits, et en outre elles augmentent la valeur échangeable de ces produits. Quand sa rente grandit de quatorze quarters à vingt-huit elle fait plus que doubler, parce qu’elle lui permet d’obtenir plus du double de la quantité des marchandises contre lesquelles il échange les vingt-huit quarters. Comme la rente est stipulée et acquittée en numéraire, il reçoit dans cette hypothèse plus de deux fois le montant primitif de sa rente pécuniaire.

Réciproquement, la rente venant à fléchir, le propriétaire aurait a subir deux pertes : il perdrait d’abord cette fraction des produits naturels qui constituait sa rente additionnelle ; puis, il supporterait la dépréciation de la valeur échangeable du produit brut ou de l’équivalent du produit brut avec lequel doit être acquittée la rente dont veut jouir.

Comme le revenu du fermier se traduit en produits naturels ou dans une quantité représentative de ces produits, il est aussi intéressé que le propriétaire à en voir augmenter la valeur échangeable ; mais un prix médiocre peut se compenser à ses yeux par de grandes quantités supplémentaires.

Il en résulte nécessairement que l’intérêt du propriétaire est constamment opposé à celui de toutes les autres classes de la société. Sa

  1. Quoique les prix se règlent définitivement sur les frais de production, y compris les profits généraux du capital, et tendent constamment vers ce criterium les marchandises sont soumises, et le blé, plus que toutes les autres peut-être, à des prix exceptionnels dérivant de causes temporaires.