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ESSAI
sur
L’INFLUENCE DU BAS PRIX DES BLÉS.




M. Malthus a défini d’une manière très-exacte la rente de la terre[1] en disant : « qu’elle consiste dans cette fraction du produit total qui demeure aux mains du propriétaire après que tous les frais de culture, quels qu’ils soient, ont été prélevés ; fraction oui comprend aussi les profits du capital fixe, évalués d’après le taux général et ordinaire des bénéfices que donnent les capitaux agricoles à une époque désignée. »

Dès lors, il ne saurait y avoir rente toutes les fois que le taux ordinaire et général des profits sur les capitaux agricoles, joint aux avances consacrées à la culture de la terre, arrive à égaler la valeur du produit total.

Et quand ce produit équivaut seulement en valeur aux frais indispensables de culture, il ne peut y avoir ni rente ni profits.

Lors de l’établissement primitif d’une nation sur une terre fertile, à une époque où chacun peut aspirer par son choix à en posséder une partie, le produit total dont nous venons de parler, dégagé des frais de culture, constituera les profits du capital et appartiendra au propriétaire de ce capital sans aucune déduction pour la rente.

Ainsi supposons que le capital consacré par un individu sur cette terre s’élève à la valeur de deux cents quarters de froment, et se répartisse par moitié en capital fixe, tel que bâtiments, ustensiles, etc., et en capital circulant ; si, après avoir prélevé le capital fixe et circulant, le produit définitif restait de cent quarters de froment ou d’une valeur égale à cent quarters de froment, le profit net du capi-

  1. Je me range complètement de l’opinion émise par M. Rossi quant au mot de fermage. Il le trouve impropre, et il est dans le vrai : car, dans une discussion théorique sur le profit foncier, il faut envisager ce profit dans son acception générale de revenu, et non dans l’acception spéciale, qui est la répartition ultérieure entre le propriétaire et le cultivateur-Fermier.
    (A. F.)