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« Si l’on enlevait, dit la Revue d’Edimbourg, de larges portions de numéraire aux oisifs et à ceux qui vivent de revenus fixes, pour les verser aux mains des fermiers, des industriels et des marchands, les proportions établies entre le capital et le revenu se modifieraient puissamment en faveur du capital, et en peu de temps la production du pays recevrait un développement immense. » Il est indubitable « que ce n’est pas la quantité » des agents monétaires qui ajoute à la richesse nationale, mais bien « le mode de leur distribution. » Si donc il nous était démontré que les effets d’une surabondance, et conséquemment d’une dépréciation de la monnaie, sont de réduire les moyens de consommation chez les classes oisives et improductives, pour peupler les rangs de la population laborieuse et productive, nous y reconnaîtrions indubitablement un accroissement de richesse nationale ; car on aurait transformé en capital des revenus éphémères. Mais la question est précisément de savoir si tels seront les résultats : 1000 livres st. épargnées par le détenteur de fonds publics sur son revenu, et prêtées au fermier, ne seront-elles pas aussi productives que si le fermier lui-même les eût économisées ?

La Revue dit : « Chaque nouvelle émission de billets a non-seulement pour effet de multiplier les agents monétaires, mais encore d’en changer la distribution totale. Il en est versé une grande proportion entre les mains de ceux qui consomment pour produire, et une plus petite quantité entre les mains de ceux qui consomment seulement. » Mais en doit-il être nécessairement ainsi ? Les rédacteurs semblent admettre comme axiome, que ceux qui vivent de revenus fixes doivent consommer intégralement leur revenu, et qu’ils n’en sauraient épargner une fraction pour l’ajouter annuellement au capital.

Il y a loin d’une telle conclusion à la réalité des faits. Et je demanderai si les rentiers de l’État, en épargnant la moitié de leur revenu pour le colloquer dans les fonds publics et mobiliser ainsi un capital qui sera définitivement mis en œuvre par ceux qui consomment et qui produisent, si les rentiers, dis-je, n’imprimeront pas au développement de la richesse nationale une impulsion puissante ? Je demanderai encore si on surpasserait l’énergie d’un tel stimulant en dépréciant leur revenu de 50%, par des émissions de banknotes, et en leur retirant conséquemment la faculté de l’épargne ? Je le demanderais même dans le cas où la banque prêterait à un homme industrieux une somme de billets équivalente au revenu diminué du rentier. La différence, la seule différence me parait être