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Ces passages sont au fond les mêmes et doivent triompher ou s’effacer à la fois. Tout en reconnaissant que les déplacements des lingots naissent quelquefois de causes intimement liées avec les changes, je n’admets pas que ces déplacements puissent avoir lieu avant l’époque où la baisse du change est devenue assez considérable pour rendre avantageuse l’exportation des lingots. Je soutiens de plus que, si cette dépression avait lieu ce serait en vertu de la surabondance et du bon marché de la circulation, deux phénomènes « qui proviennent presqu’entièrement des tributs successifs que nous versent chaque année les mines du Nouveau-Monde. » Il n’y a donc pas là un autre point de dissidence entre les rédacteurs et moi ; car c’est le même, exactement le même. Si « il est bien avéré que, dans leurs relations commerciales habituelles, un grand nombre d’États ont presque constamment un change favorable avec certains pays et défavorable avec les autres, » à quelle cause faut-il l’attribuer, si ce n’est à celle indiquée par M. Huskisson ? c’est-à-dire les tributs nouveaux qui sont annuellement versés, « presque sur les mêmes points, par les mines du Nouveau-Monde. » Le docteur Smith ne semble pas avoir complètement apprécié l’influence souveraine et uniforme de cet afflux de lingots sur les changes étrangers. Il s’est montré très-enclin à exagérer l’utilité des lingots dans ces mille transactions étrangères qu’il est nécessaire à un pays de faire rayonner autour de lui. Les relations grossières qui s’établissent entre les nations, comme entre les particuliers, au début de la société, comportent peu d’économie dans l’emploi de la monnaie et des lingots. Une civilisation perfectionnée peut seule introduire dans les transactions internationales les fonctions que le papier accomplit si avantageusement entre les individus du même pays. Les rédacteurs de la Revue d’Édimbourg ne me paraissent pas avoir suffisamment compris le développement qu’a pris entre les nations commerçantes l’application du principe d’économie dans l’emploi des métaux précieux. Ils ne semblent même pas en avoir reconnu toute la portée relativement à une seule nation, puisqu’à la page 346 le lecteur est porté à croire que, suivant leur opinion, il s’opère de fréquents envois de numéraire entre les districts éloignés d’un même pays. Ils nous disent en effet : « Il y a eu et il y aura toujours une certaine quotité de métaux précieux destinée à accomplir, entre les différentes nations reliées par le commerce, le rôle que la circulation d’un pays isolé joue par rapport à ses provinces extrêmes. » Qu’on me dise maintenant le rôle que joue