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ŒUVRES DIVERSES.

se trouvera limitée par la rareté croissante des agents de circulation. La monnaie excite de si nombreuses demandes, elle est devenue dans l’état actuel de la civilisation tellement essentielle aux opérations commerciales, qu’on ne pourra jamais l’exporter à l’excès. — Dans l’hypothèse même d’une guerre comme celle que nous subissons, et pendant laquelle nos ennemis s’efforcent d’interdire tout commerce avec nous, dans cette hypothèse même, la valeur que recevrait notre numéraire de sa rareté croissante, empêcherait que l’exportation ne fût poussée assez loin pour occasionner un vide dans la circulation.

M. Thornton ne nous a pas expliqué pourquoi les pays étrangers refuseraient de recevoir nos marchandises en échange de leur blé. Et d’ailleurs, il serait nécessaire pour lui de démontrer que cette répugnance existant en effet, nous consentirions à la subir jusqu’au point de nous priver de tout notre numéraire.

Si nous consentons à donner du numéraire en échange de blé, ce doit être par choix et non par nécessité. Nos importations de marchandises ne dépasseront nos exportations que dans le cas où, subissant une surabondance de monnaie, nous jugerions convenable de la réunir à nos articles d’exportation. L’exportation du numéraire naît de son bas prix ; elle n’est pas l’effet, mais la cause d’une balance défavorable. Nous ne l’exporterions pas si nous ne le remettions à un marché plus avantageux, ou s’il existait une autre marchandise dont l’expédition fût plus favorable. C’est là un remède salutaire pour une circulation exagérée ; et comme j’ai déjà essayé de prouver que l’exubérance ou l’excès sont seulement des termes relatifs, il en résulte que les demandes étrangères naissent exclusivement d’une pénurie comparative qui détermine une plus value dans les agents monétaires.

Toutes ces considérations se réduisent entièrement à une question d’intérêt. Si les vendeurs de blé, après avoir approvisionné le marché d’Angleterre pour une valeur d’un million, pouvaient y recevoir des marchandises qui coûteraient un million en Angleterre, mais qui, vendues au dehors produiraient plus que la remise du million en monnaie, les marchandises seraient préférées. — Dans le cas contraire, les demandes s’adresseraient à la monnaie.

Si les étrangers préfèrent l’or en échange de leur blé, c’est seulement après avoir comparé la valeur de l’or et des autres marchandises sur leurs marchés et sur le notre, et s’être assurés que l’or est moins cher sur le marché de Londres que sur les leurs. Diminuons la masse du numéraire, et nous lui donnerons immédiatement une valeur addi-