Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/461

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
LE HAUT PRIX DES LINGOTS

faceraient alors et l’on ne serait plus tenté d’échanger des billets de banque contre des guinées

Il résulte donc de cet examen du sujet, que le penchant à exporte du numéraire en échange de marchandises, en d’autres termes, qu’une balance défavorable de commerce ne naît jamais que d’une sur abondance de circulation monétaire. Mais M. Thornton, qui a étudié ce sujet d’une manière très-vaste, suppose qu’une balance de commerce très-défavorable peut être léguée à ce pays par une mauvaise récolte, par l’importation du blé qui en résulterait, et que de plus, le pays dont nous sommes débiteurs peut en même temps refuser de recevoir nos marchandises en paiement. La balance due à ce pays devra nécessairement alors être soldée avec un contingent en numéraire, pris sur notre circulation : de là les demandes d’or-lingot et le renchérissement de son prix. Il reconnaît, d’ailleurs, que la banque offre de grandes facilités aux négociants, en comblant avec ses billets le vide produit par l’exportation des espèces.

Comme M. Thornton a admis, en de nombreux passages de son écrit, que le prix de l’or-lingot est coté en or-monnaie ;

Comme il a aussi reconnu que la loi contre la fonte et l’exportation de l’or monnayé était facilement éludée, il en résulte qu’aucune demande pour les lingots d’or, dérivant de cette cause ou de toute autre, ne peut élever le prix en numéraire de cette marchandise. L’erreur d’un tel raisonnement provient de n’avoir pas reconnu la différence entre l’accroissement de la valeur de l’or et l’accroissement de son prix en numéraire.

Si le blé était soumis à une grande demande, son prix en monnaie s’élèverait, parce qu’en comparant le blé avec le numéraire nous le comparons effectivement avec une autre marchandise : — de même, lorsqu’il existe de fortes demandes pour l’or, son prix en blé s’accroît aussitôt. Mais jamais l’on ne verra un boisseau de blé valoir plus qu’un autre boisseau de blé, ou une once d’or plus qu’une once d’or. Une once d’or-lingot ne pourra, quelle qu’en soit la demande, avoir une valeur supérieure à une once d’or-monnaie, ou à 3 l. 17 s. 10 1/2d.

Si l’on n’admettait pas cet argument comme décisif, j’établirais que le vide supposé de la circulation ne peut être produit que par l’anéantissement ou la réduction du papier monnaie. Il serait dès lors rapidement comblé par des importations de lingots que son accroissement de valeur, déterminé par la diminution des agents de circulation, attirerait infailliblement sur le marché favorable. Quelque grande que soit la disette de blé, l’exportation du numéraire