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ŒUVRES DIVERSES.

effets analogues. L’or serait encore demandé, le change deviendrait défavorable, et l’or-lingot dépasserait légèrement son prix à la Monnaie, parce qu’il est légal d’exporter des lingots, mais illégal d’exporter du numéraire ; enfin, la différence compenserait largement les risques de l’opération.

De cette manière, si la banque persistait à rejeter ses billets dans la circulation, elle pourrait voir enlever à ses coffres la dernière de ses guinées.

Pour suppléer à la faiblesse de son fonds en or, elle pourrait acheter de l’or-lingot au prix surélevé, et le faire frapper en guinées ; mais cette mesure ne remédierait pas au mal. Les guinées seraient encore demandées, mais au lieu de les exporter, on les fondrait pour les vendre à la banque sous forme de lingots et au prix surélevé. « Les opérations de la banque, dit ingénieusement le docteur Smith, ressemblaient sous ce rapport à la toile de Pénélope ; l’ouvrage achevé le jour était détruit la nuit. » M. Thornton exprime les mêmes sentiments dans les lignes suivantes : « Voyant la masse des guinées diminuer chaque jour dans ses coffres, les administrateurs de la banque devront nécessairement s’efforcer de les remplacer par tous les moyens qui, sans être extravagants, seraient efficaces. Ils seront donc portés, jusqu’à un certain degré, à acheter l’or, même à un prix onéreux, et à le frapper en nouvelles guinées ; mais ils le feront précisément au moment où un grand nombre de spéculateurs privés seront occupés à refondre ce qui est monnayé. Les uns fondront et vendront pendant que les autres achèteront et feront monnayer. Et ces opérations contraires ne s’accompliront pas dans le but d’exporter chaque guinée fondue à Hambourg, par exemple, mais elles concentreront leurs plus grands efforts sur le marché de Londres. Les monnayeurs et les fondeurs vivront ainsi sur le même lieu et se créeront mutuellement du travail. Si nous supposons d’ailleurs, poursuit M. Thornton, que la banque s’engage dans cette espèce de lutte avec les fondeurs, elle fera évidemment une guerre inégale ; et quand même elle ne s’en fatiguerait pas promptement, il est probable qu’elle déposera les armes avant ses adversaires. »

La banque serait donc, en dernier ressort, obligée d’adopter le seul remiède qui soit eu sa puissance pour arrêter la demande de gainées. Elle enlèverait progressivement à la circulation une partie de ses billets, jusqu’à ce qu’elle eût élevé la valeur de l’autre partie au niveau de celle du lingot, et conséquemment au taux de la circulation des autres pays. Tous les avantages attachés à l’exportation s’ef-