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LE HAUT PRIX DES LINGOTS

aux lois qui régissent les autres marchandises, deviendraient immédiatement des objets d’exportation. Ils abandonneraient le pays où ils sont à bas prix pour ceux où ils sont chers, et continueraient à se déplacer jusqu’à ce que la mine eût cessé de produire, et jusqu’à ce que la proportion qui existait dans chaque pays entre le capital et les monnaies, avant la découverte, fût de nouveau rétablie, et l’or et l’argent rendus partout à une valeur uniforme. En échange de l’or exporté on importerait des marchandises. Et quoique le pays d’où sortirait la monnaie ou les lingots dût avoir contre lui ce qu’on appelle habituellement la balance du commerce, il est évident qu’il ferait un commerce avantageux ; car il exporterait un objet, pour lui dépourvu d’utilité, en retour de marchandises qui contribuaient à l’extension de ses manufactures et au développement de sa richesse.

Supposons qu’au lieu de découvrir une mine dans un pays on y fondât une banque, telle que la banque d’Angleterre, revêtue du pouvoir d’émettre ses billets comme agents de circulation. Aussitôt qu’une forte émission, provoquée soit par des prêts aux marchands, soit par des avances au gouvernement, serait venue ajouter une somme considérable à la masse de la circulation, on verrait se reproduire un phénomène analogue à celui de l’hypothèse précédente. L’agent de la circulation baisserait de valeur, et les marchandises éprouveraient une hausse proportionnée. L’équilibre entre cette nation et les autres ne pourrait alors se rétablir que par l’exportation d’une partie du numéraire.

L’établissement de la banque, et rémission subséquente de ses billets agissent donc, comme la découverte d’une mine, à titre de stimulant, sur l’exportation des lingots ou du numéraire. Cette action est même une condition nécessaire sans laquelle ils ne présenteraient aucun avantage. La banque substitue une circulation sans valeur à une autre circulation éminemment coûteuse. Elle nous permet de transformer en fonds productif des métaux précieux qui, tout en constituant une partie essentielle de notre capital, ne donnaient aucun revenu. Le docteur Smith compare les avantages résultant de la fondation d’une banque à ceux qu’on obtiendrait en convertissant nos routes en pâturages et en terres à blé, ou en traçant un chemin dans les airs. Les chemins, comme le numéraire, sont d’une immense utilité, mais ne produisent aucun revenu. Quelques esprits pourraient s’alarmer en voyant les espèces abandonner le pays et pourraient croire désavantageux le commerce qui nous forcerait à les répandre au dehors. — La loi, il est vrai, a suivi ces idées en