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INTRODUCTION.




Pour qui connaît la vie de Ricardo, ces longues années passées dans le tourbillon des affaires de bourse, sur ce terrain glissant de la hausse et de la baisse, où l’équilibre est si difficile à conserver pour les plus puissantes fortunes comme pour les plus nobles âmes ; pour qui a pénétré dans cette carrière partagée entre les préoccupations du spéculateur, les méditations de l’écrivain et les plaidoyers du député ; enfin pour qui a suivi cet économiste remarquable, dont la pensée nourrie de faits, fortifiée par une pratique constante, a su s’élever jusqu’aux plus hautes conceptions de la science, il paraîtra tout simple que son plus beau titre au respect des penseurs soit cette série de brochures où il a remué successivement les questions relatives à la monnaie, aux banques, aux dettes publiques, etc. C’est au centre des événements, en effet, qu’il a pu reconnaître à quel point la logique est chose inflexible de sa nature, à quel point le plus petit écart des lois posées par la théorie réagit en secousses, en crises terribles, sur le mouvement économique d’un grand pays. La fidélité implacable avec laquelle les moindres excès dans les émissions du signe monétaire se reflètent dans la hausse ou la baisse des fonds publics, des marchandises, du change extérieur ; la pression des événements sociaux, des disettes, des guerres sur la prospérité générale, tout cela devait frapper vivement une intelligence aussi lumineuse que celle de M. Ricardo, et le conduire à chercher des principes qui pussent porter l’ordre dans ce chaos, des principes qui fissent de la circulation monétaire un agent docile, souple entre les mains du commerce, et non une arme dangereuse toujours prête, en se brisant, à disloquer soudainement l’édifice des affaires. Là où tant d’individus ne voyaient qu’une occasion de bénéfices quand même, dans les hasards des événements et des hommes ; là où tant d’autres ne voyaient qu’un affligeant scandale ou un irréparable désordre, il vit le point de départ de doctrines nouvelles et réparatrices. Aussi de toutes les consécrations qui couvrent les écrits qui vont suivre, celle qui manque le moins est-elle celle de la pratique.

Ces empiriques, — adorateurs du fait accompli ou du fait qui s’accomplit, — qui repoussent toute idée générale et sont toujours prêts à nier, par exem-