Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment désirable et heureux,- la situation de la classe la plus importante, la plus utile de la société, sera précisément celle qui s’améliorera le plus sous l’influence de cette nouvelle distribution. Tout ce qu’elle reçoit au-dessus de 9 millions, forme une partie du revenu net du pays et ne peut être dépensé sans ajouter à son revenu, son bonheur ou sa puissance. Distribuez donc sans soucis le revenu net. Donnez-en un peu plus à une classe, un peu moins à une autre, et vous ne l’aurez cependant pas diminué : car la même somme de travail n’en aura pas moins produit une plus grande somme de marchandises, parce que la valeur en argent de ces marchandises aura fléchi. Mais le revenu net du pays, ce fonds qui défraie les budgets et les jouissances du pays ; le revendu net, dis-je, sera bien plus apte que jamais à entretenir la population actuelle, à supporter les taxes nationales, à répandre de toutes parts le bien-être et le luxe.

Il est hors de doute que le rentier de l’État gagne beaucoup à une forte baisse du blé ; mais si personne ne soufre de cette baisse, ce n’est pas une raisons qui puisse engager à prendre des mesures pour faire renchérir le blé ; car le gain du rentier est un gain national, et, ainsi que tout autre gain, il augmente la richesse et la puissance réelles du pays. S’il fait un profit indu, il faut examiner exactement jusqu’à quel point cela est, et c’est alors à la législature à en chercher le remède ; mais rien ne peut être plus impolitique que de nous priver entièrement de tous les avantages qui résultent du bas prix du blé et d’une grande abondance de produits, par le seul motif que le rentier de l’État en tire un avantage qui ne lui serait pas dû.

Jusqu’à ce jour on n’a jamais essayé de régler les dividendes des fonds publics d’après la valeur en argent du blé. Si l’équité et la bonne foi exigeaient un pareil règlement, les possesseurs des vieilles rentes auraient une grande somme à réclamer ; car ils ont, depuis un siècle, reçu toujours les mêmes dividendes en argent, quoique pendant cette époque le blé ait peut-être doublé ou triplé de prix[1].

M. Malthus dit : « Il est vrai que les dernières additions que l’on fait aux produits agricoles d’un pays dont la prospérité est crois-

  1. M. Mac Culloch, dans un écrit plein de mérite, a fortement soutenu qu’il était juste de rendre les dividendes de la dette nationale conformes à la valeur réduite du blé. Il est partisan de la liberté du commerce des grains, mais il pense qu’elle devrait être accompagnée d’une réduction de l’intérêt payé au créancier de l’État*. (Note de l’Auteur.)
*. Ricardo a lui-même répondu a cet expédient étrange et inexplicable.