Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/440

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duite, mais bien le prix auquel on peut le vendre. C’est en raison de l’excédant du prix sur les frais de production, que les capitaux sont attirés vers l’agriculture ou qu’ils en sont détournés. Si cet excédant est tel qu’il donne au capital ainsi employé un plus grand profit que le profit général des capitaux, ces capitaux afflueront vers l’agriculture. Si ce profit est moindre, on les détournera de cet emploi.

Ce n’est donc pas par un changement dans le prix réel du blé que sa production est encouragée, mais bien par un changement dans son prix courant. Car ce n’est point « parce qu’il faut employer une plus grande quantité de capital et de travail pour produire le blé, » — telle est la définition exacte que M. Malthus donne du prix réel, — qu’il y a plus de capitaux et plus de bras attirés vers l’agriculture ; cela vient uniquement de ce que le prix courant est monté au-dessus de ce prix réel, et que, malgré le surcroît des charges, la culture des terres présente encore l’emploi le plus profitable pour les capitaux.

Rien n’est mieux fondé que les observations suivantes de M. Malthus sur la mesure de la valeur adoptée par Adam Smith. « Il est clair qu’Adam Smith a été conduit à raisonner de la sorte à ce sujet, par l’habitude où il était de considérer le travail comme la mesure constante de la valeur, et le blé comme la mesure du travail. Mais l’histoire de notre pays démontre pleinement combien le blé est une mesure inexacte de la valeur ; on y voit combien la main-d’œuvre, comparée au blé, a éprouvé de variations très-grandes et remarquables, non-seulement d’une année, mais d’un siècle à l’autre, et pendant dix, vingt et trente ans consécutifs. Que ni le travail ni aucune autre denrée ne peuvent servir de mesure exacte de la valeur réelle d’échange, c’est là un des principes rangés aujourd’hui en Économie politique parmi les mieux établis ; et en effet, il découle de la définition même de la valeur échangeable. »

Si, ni le blé, ni le travail ne sont des mesures exactes de la valeur réelle échangeable, et il est clair qu’ils ne le sont pas, quelle autre chose peut donc servir de mesure ? — Aucune assurément. Dans ce cas, si l’expression de prix réel des choses a un sens, ce doit être celui que lui donne M. Malthus, dans son Essai sur la Rente : ce prix doit se mesurer par la quantité proportionnelle de capital et de travail nécessaire pour la production de ces choses.

Dans ses Recherches sur la nature de la Rente M. Malthus dit :