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de mauvais terrains, dont il existe en général dans tous les pays une assez grande quantité, mais aussi les machines moins parfaites dont on peut dire qu’on fait usage quand on force de bonnes terres à donner un produit toujours croissant. À mesure que le prix des produits agricoles continue à hausser, ces machines moins parfaites sont successivement employées, et à mesure que le prix de ces produits continue à baisser, on met successivement ces machines de côté. Cette application démontre à la fois le rapport nécessaire qui existe entre le prix actuel du blé et sa production actuelle, et l’effet tout différent qu’auraient une grande réduction dans le prix des produits manufacturés et une grande réduction dans le prix des produits de la terre[1]. »

Comment concilier ces passages avec celui où il est dit que, si les choses de première nécessité n’avaient pas la propriété de faire naître une augmentation de demande proportionnée à l’augmentation de leur quantité, ce surplus de produit aurait alors, et alors seulement, l’effet de réduire le prix des produits agricoles aux simples frais de production ? Si le blé n’est jamais au-dessous de son prix, il n’est jamais plus abondant que ce qu’exige la population existante pour la consommation ; on ne peut en faire un approvisionnement pour d’autres consommateurs ; il ne peut donc jamais, par son abondance et par son bas prix, devenir un encouragement à la popula-

  1. Voyez Inquiry etc. « Dans tous les pays dont la prospérité est progressive, le prix moyen du blé n’est jamais plus haut qu’il ne faut pour maintenir le taux moyen de l’augmentation de production. » Observations, pag. 21.

    « Toutes les fois qu’on consacre de nouveaux capitaux à la culture de la terre, pour en retirer des produits suffisants pour une population croissante, soit qu’on emploie ce capital à défricher de nouveaux terrains, ou à bonifier des terres déjà en culture ; le point principal qu’on a en vue, ce sont les retours que l’on attend de ce capital ; c’est pourquoi l’on ne saurait retrancher la moindre portion des profits bruts sans affaiblir les motifs qui peuvent déterminer les capitalistes à employer leurs fonds de cette manière. Toute diminution des prix qui n’est pas en totalité et à l’instant même contre-balancée par une baisse proportionnée dans les dépenses nécessaires d’une ferme, tout impôt foncier, tout impôt sur le capital du fermier, tout impôt sur les denrées de première nécessité pour le fermier, doivent entrer en comptes ; et si, tous ces déboursés calculés, le prix du produit ne laisse pas une rétribution suffisante pour le capital employé, d’après le taux général des profits, et une rente au moins égale à la rente que payait la terre dans son état antérieur, il ne peut y avoir de motifs suffisants pour qu’on entreprenne les améliorations projetées. » Observations, pag. 22. (Note de l’Auteur.)