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uniquement parce que les dépenses du peuple prennent cette direction, que le prix courant des objets de première nécessité excède leur prix naturels et que la quantité de subsistances requise est produite ; et c’est parce que la population s’accroît que les salaires tombent de nouveau.

Quel motif un fermier peut-il avoir pour produire plus de blé qu’on n’en demande, quand il sait que cela fera tomber le prix courant au-dessous de son prix naturel, et le privera par conséquent d’une partie de ses profits, en les réduisant au-dessous du taux général ? « Si les objets de première nécessité, dit M. Malthus, les produits les plus précieux de la terre, n’avaient pas la propriété de faire naître un surcroît de demande proportionné à l’augmentation de leur quantité, une telle augmentation occasionnerait une baisse dans leur valeur échangeable[1]. Quelque abondants que soient les produits d’un pays, sa population peut rester stationnaire ; or, cette abondance qui ne serait pas accompagnée d’une demande proportionnée, mais qui élèverait considérablement le prix des salaires du travail estimé en blé, pourrait réduire le prix des produits de la terre, ainsi que celui des produits manufacturés, aux simples frais de production. »

Pourrait-on réduire le prix des produits de la terre aux frais de production ? Ce prix reste-t-il donc jamais bien longtemps au-dessus, ou au-dessous des frais de production ? M. Malthus lui-même ne convient-il pas que cela ne peut jamais avoir lieu ? « J’espère, dit-il., qu’on m’excusera si je m’étends un peu en présentant aux lecteurs, sous diverses formes, la doctrine qui pose en principe que le blé, selon la quantité qui en est actuellement produite, se vend à son prix nécessaire, de même que les produits manufacturées ; c’est que cette vérité, que je regarde comme étant de la plus haute importance, n’a été connue ni des économistes, ni d’Adam Smith, ni de tous les auteurs qui ont avancé que les produits de la terre se vendaient toujours à un prix de monopole.

« Tout pays d’une certaine tendue peut donc être considéré comme possédant une gradation de machines servant à la production du blé et des matières premières, en comprenant dans cette gradation non-seulement toutes les différentes qualités

  1. De quelles augmentations de quantité M. Malthus veut-il parler ? Qui la produira ? Qui peut avoir des motifs pour la produire avant qu’il existe au préalable une demande pour cette quantité additionnelle ? (Note de l’Auteur.)