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fois acquis, la rente s’élèvera dans le rapport de l’abondance et non de la rareté de ces denrées.

Il n’y a nul besoin de produire constamment une denrée dans une quantité plus grande que la demande ne l’exige. Si, par hasard, la production excédait la demande, cette denrée tomberait au-dessous de son prix naturel, et par conséquent elle ne rapporterait pas ses frais de production, en y joignant les profits courants et ordinaires du capital ; l’approvisionnement en serait diminué jusqu’à ce qu’il se trouvât en rapport avec la demande, et que le prix courant atteignit le niveau du prix naturel.

M. Malthus me parait trop disposé à croire que la population n’augmente que par l’effet d’un surcroît dans la quantité des subsistances ; « que les subsistances se créent d’elles-mêmes une demande ; » que c’est en fournissant d’abord des aliments au peuple qu’on encourage les mariages, au lieu de remarquer que le progrès général de la population est affecté par l’accroissement des capitaux, et par la plus forte demande de bras, et la hausse des salaires qui en sont la suite, enfin que la production des subsistances n’est que l’effet de cette demande.

C’est en donnant à l’ouvrier pulls d’argent, ou une plus grande quantité de toute autre marchandise, moyennant laquelle on paie son travail, que le sort de l’ouvrier devient meilleur. L’accroissement de la population et l’augmentation des subsistances seront presque toujours un effet, mais non un effet nécessaire de la hausse des salaires. Le sort de l’ouvrier, amélioré par l’excédant de valeur qu’il reçoit en paiement de son travail, ne lui impose pas l’obligation de se marier et de se charger du soin d’une famille ; il peut, si cela lui plait, échanger son salaire augmenté contre des objets qui puissent contribuer à augmenter ses jouissances, comme des chaises, des tables, de la quincaillerie, ou de meilleures hardes, du sucre et du tabac. Dans ce cas l’augmentation de son salaire n’aura d’autre effet que d’augmenter la demande de quelques-unes de ces marchandises ; et comme le nombre des ouvriers ne se sera pas beaucoup augmenté, leurs salaires se conserveront toujours élevés. Mais quoique telle pût être la suite de l’augmentation des salaires, cependant il est tant de douceurs dans la famille, qu’on voit constamment dans le fait l’accroissement de population suivre l’amélioration du sort de l’ouvrier ; et c’est uniquement parce que cela est ainsi qu’il survient une nouvelle et plus forte demande de subsistances. Cette demande est donc l’effet de l’augmentation de population, mais elle n’en est pas la cause ; c’est