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La quantité restreinte de travail que pourra occuper actuellement le capitaliste, devra, sans doute, grâce aux machines, et après la défalcation faite des frais de réparation et d’entretien, produire une valeur égale à 7,500 l. st. et reconstituer le capital circulant avec un bénéfice de 2,000 l. st. sur le fonds primitif ; mais s’il en est ainsi et si le revenu net n’est pas diminué, il importera fort peu au capitaliste que le revenu brut soit de 3,000, de 10,000 ou de 15 000 l. st.

Quoique la valeur du produit net n’ait pas diminué, et que sa puissance d’acheter d’autres marchandises se boit au contraire notablement accrue, le produit brut n’en aura pas moins été ramené, dans ce cas, de 15,000 l. st. à 7,500 l. st., et comme la faculté d’entretenir une population et d’employer du travail, dépend toujours du produit brut d’une nation, et non de son produit net, la demande de bras diminuera nécessairement, la population deviendra excessive et les classes ouvrières entreront dans une période de détresse et d’angoisses.

Cependant, comme le fonds qui grossit les éparses de chacun est proportionnel au revenu net, la diminution du prix des marchandises, — suite de l’introduction des machines, aurait pour résultat évident d’accroître la facilité d’épargner, de transformer des revenus en capitaux. Or, comme chaque accroissement de capital lui permettrait d’employer un plus grand nombre de bras, une fraction des ouvriers rejetés hors des ateliers par les engins mécaniques trouverait de nouveau à s’utiliser. Et s’il arrivait que, sous l’influence des machines, l’accroissement de la production fût assez grand pour fournir, sous forme de produit net, une quantité de nourriture et de denrées de première nécessité aussi considérable que celle qui existait auparavant comme produit brut, il resterait au service du travail un fonds tout aussi considérable et, par conséquent, on n’aurait pas à subir les maux d’une sur-population.

Tout ce que je tiens à prouver, c’est que la découverte et l’usage des forces mécaniques peuvent être suivis d’une diminution de produit brut : et toutes les fois qu’il en sera ainsi, la classe laborieuse souffrira, car elle deviendra excessive comparativement aux fonds destinés à la maintenir, et une fraction de ses membres se verra privée de travail et de salaires.

Le cas que j’ai choisi se recommande par son extrême simplicité ; mais les résultats eussent été absolument les mêmes si nous avions introduit, par supposition, les machines dans une manufacture, soit