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tion des ouvrages manufacturés se trouvera terminée, il sera peut-être obligé d’émettre une obligation du trésor portant intérêt, et l’intérêt lui coûterait autant que ce que le consommateur épargnerait dans le prix, non compris cependant la partie du prix que le manufacturier pourrait, en vertu de l’impôt, ajouter à son gain réel. Si le gouvernement avait dû payer cinq pour cent pour l’intérêt de l’obligation du trésor, il y aura 50 l. d’impôts d’épargnés par la non-émission de l’obligation. Si le manufacturier emprunte le capital additionnel dont il a besoin pour faire l’avance de l’impôt à 5 pour cent, et s’il le fait payer à 10 pour cent au consommateur, il aura gagné 5 pour cent sur son avance en sus de ses profits ordinaires ; en sorte que le manufacturier et le gouvernement gagnent ou épargnent tous deux précisément la somme que le consommateur paie.

M. de Sismondi, dans son excellent livre de la Richesse commerciale, en suivant le raisonnement de M. Say, a calculé qu’un impôt de 4000 francs, payé dans l’origine par un manufacturier dont les profits ne seraient qu’au taux modéré de 10 pour cent, si le produit manufacturé passait seulement par les mains de cinq différentes personnes, reviendrait au consommateur à la somme de 6734 francs. Ce calcul est fondé sur la supposition que celui qui le premier a fait l’avance de l’impôt, a dû recevoir du second manufacturier 4400 francs, et ce dernier du troisième 4840 francs ; en sorte que chaque fois que le produit passerait par les mains d’un autre manufacturier, il se trouverait chargé de 10 pour cent sur sa valeur. C’est supposer que la valeur de l’impôt s’accroît selon un taux d’intérêt composé, non au taux de 10 pour cent par an, mais au taux de 10 pour cent chargé à chaque transmission progressive. L’opinion de M. de Sismondi serait exacte s’il s’était écoulé cinq ans depuis la première avance de l’impôt jusqu’à la vente du produit imposé au consommateur ; mais si une seule année s’est écoulée, une rétribution de 400 fr., au lieu de 2734, aura fourni un profit au taux de 10 pour cent à tous ceux qui auraient contribué à faire l’avance de l’impôt, soit que l’ouvrage manufacturé eût passé par les mains de cinq ou cinquante manufacturiers.