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monnaie pour être frappés, était toujours dans la nécessité d’émettre des guinées neuves en paiement des billets qui lui revenaient, et quand les espèces manquaient en général de poids, et que le prix des lingots était haut à proportion, on trouvait un intérêt à tirer les guinées de poids de la banque en lui donnant son papier en échange, et ensuite à fondre ces guinées, et à en vendre l’or en lingots, avec profits, pour du papier de la banque, avec lequel on se procurait de nouvelles guinées, qu’on fondait et qu’on vendait de même. La banque doit toujours être exposée à se voir ainsi épuisée de son or toutes les fois que les espèces monnayées manqueront de poids, puisque, dans ce cas, il y a toujours un profit aisé et certain à changer constamment le papier de banque contre de l’or. Il est cependant bon d’observer que, quelle qu’ait été, à cette époque, la gêne et la dépense supportées par la banque par suite de l’écoulement de ses espèces, on ne crut pas nécessaire de la dispenser de l’obligation de donner des espèces en paiement de ses billets. »

Il est clair que M. Buchanan pense que toute la monnaie en circulation doit descendre au niveau de la valeur des pièces dégradées ; mais certes, en diminuant la quantité de la monnaie en circulation, tout le surplus peut être élevé à la valeur des meilleures pièces.

Le docteur Smith paraît avoir oublié le principe qu’il a posé lui-même, dans le raisonnement qu’il fait au sujet de la monnaie des colonies. Au lieu d’attribuer sa dépréciation à sa trop grande abondance, il demande si, en admettant que les valeurs coloniales soient parfaitement solides, 100 1. st., payables dans quinze ans, pourraient valoir autant que 100 1. st. payables à vue. Je réponds que oui, si le papier n’est pas trop abondant.

L’expérience prouve cependant que toutes les fois qu’un gouvernement ou une banque a eu la faculté illimitée d’émettre du papier-monnaie, ils en ont toujours abusé. Il s’ensuit que, dans tous les pays, il est nécessaire de restreindre l’émission du papier-monnaie, et de l’assujettir à une surveillance ; et aucun moyen ne paraît mieux calculé pour prévenir l’abus de cette émission, qu’une disposition qui impose à toutes les banques qui émettent du papier, de payer leurs billets, soit en monnaie d’or, soit en lingots.

« Garantir le public[1] contre toutes les variations qui ne seraient

  1. Toutes les lignes renfermées dans les guillemets sont extraites d’un pamphlet