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Quoique je convienne que, par la nature du fermage, un capital déterminé employé à l’agriculture sur tous les terrains autres que ceux cultivés les derniers, met en activité une plus grande quantité de travail qu’un capital employé dans les manufactures ou dans le commerce, je ne saurais pourtant admettre qu’il y ait la moindre différence entre les quantités de travail mises en activité par un capital employé dans le commerce intérieur, et par un pareil capital employé dans le commerce étranger.

« Le capital qui envoie à Londres, dit Adam Smith, des ouvrages de fabrique Écossaise, et rapporte à Édimbourg du blé anglais et des ouvrages de fabrique anglais, remplace nécessairement, dans chacune de ces opérations, deux capitaux appartenant à des sujets de la Grande-Bretagne, et qui ont, tous les deux, été employés dans l’agriculture ou les manufactures de la Grande-Bretagne.

Le capital qui est employé à acheter des marchandises étrangères pour la consommation intérieure, quand l’achat se fait avec le produit de l’industrie nationale, remplace aussi, par chaque opération de ce genre, deux capitaux distincts, mais dont un seulement est employé à soutenir l’industrie nationale. Le capital qui envoie en Portugal des marchandises anglaises, et qui rapporte en Angleterre des marchandises portugaises, ne remplace, dans chacune des opérations qu’il fait, qu’un seul capital anglais ; l’autre est un capital portugais. Ainsi, quand même les retours du commerce étranger de consommation seraient aussi prompts que ceux du commerce intérieur, le capital employé dans celui-ci ne donnerait toujours qu’un encouragement de moitié plus faible à l’industrie ou au travail productif du pays. »

Cet argument me parait fallacieux ; car, quoique deux capitaux, l’un portugais et l’autre anglais, soient employés, ainsi que le suppose le docteur Smith, il y aura cependant un capital employé au commerce étranger ; double de celui qui sera employé au commerce intérieur. Supposons que l’Écosse emploie un capital de 1,000 livres sterling à la fabrication des toiles, qu’elle échange contre le produit d’un capital pareil employé en Angleterre à la fabrication des soieries, ces deux pays emploieront ainsi 2,000 liv. sterl. et une quantité de tra-

    un profit pour l’un sans être une perte pour quelque autre, est profitable pour le particulier qui gagne, sans l’être, pour le pays. — J.-B. Say.