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un plus grand nombre d’hommes, qu’Adam Smith donne la préférence à cet emploi de capital qui met en œuvre la plus grande quantité d’industrie ; mais c’est expressément en se fondant sur l’effet qu’il lui suppose d’augmenter la puissance nationale, car il dit que « la richesse et la puissance de toute nation, en tant que la puissance dépend de la richesse, doit toujours être en proportion de la valeur de sa production annuelle, qui constitue le fonds qui sert en définitive à payer tout impôt. » Il est cependant évident que les facultés de payer des impôts sont en proportion du revenu net et non du revenu brut.

Dans la distribution des emplois des capitaux entre tous les pays, le capital des peuples pauvres sera naturellement employé à ces genres d’industrie qui font subsister une grande quantité de travailleurs dans l’intérieur, parce que, dans de tels pays, on peut se procurer avec le plus de facilité la nourriture et les choses nécessaires pour une population croissante. Dans les pays riches, au contraire, où la nourriture est chère, les capitaux se porteront, si le commerce est libre, vers ces genres d’industrie qui exigent l’emploi du plus petit nombre d’ouvriers dans l’intérieur : tels sont le commerce de transport, le commerce avec les pays étrangers très-lointains, dans lesquels les profits sont en proportion des capitaux, et non en proportion de la quantité de travail employé[1].

    doute, et vers laquelle elles doivent tendre autant qu’elles peuvent ; mais ce n’est pas une condition essentielle de leur existence. — J.-B. Say.

  1. « Il est heureux, dit M. Say, que la pente naturelle des choses entraîne les capitaux préférablement, non là où ils feraient les plus gros profits, mais où leur action est le plus profitable à la société. » Liv. II, chap. 8, § 3. M. Say ne nous a pas dit quels étaient ces emplois qui, tout en étant les plus profitables pour les particuliers, ne le sont pas de même pour l’État. Si des pays, ayant des capitaux bornés, mais des terres fertiles en abondance, ne se livrent pas de bonne heure au commerce» étranger, c’est parce que ce commerce présente moins d’avantages aux particuliers, et qu’il est par conséquent moins avantageux pour l’État. (Note de l’Auteur).

    Ce que M. Ricardo se plaint de ne pas trouver dans mon ouvrage, y est dans un passage que lui-même a cité quatre pages plus haut. Les emplois de capitaux qui, tout en procurant un profit au propriétaire du capital, mettent en valeur les facultés industrielles des gens du pays, ou les facultés productives du sol, augmentent plus les revenus du pays que les emplois qui ne procurent d’autre revenu que le simple profit du capital. Il y a même des emplois de capitaux qui, malgré le profit qu’ils procurent au capitaliste, ne fournissent aucun revenu au pays. Les bénéfices qu’on fait dans le jeu des effets publics, tout bénéfice qui ne saurait être