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CHAPITRE XXVI.

DU REVENU BRUT ET DU REVENU NET.


Adam Smith exagère toujours les avantages qu’un pays tire d’un grand revenu brut[1], par opposition à un grand revenu net. « Plus grande sera la portion du capital d’un pays consacré à l’agriculture, et plus la somme de travail productif que ce capital met en œuvre deviendra considérable dans l’intérieur du pays. Il en sera de même de la valeur que son emploi ajoute aux produits annuels de la terre et de l’industrie de la communauté. Le capital employé dans les manufactures est celui qui, après le capital comparé à l’agriculture, met en œuvre la plus grande quantité de travail productif, et ajoute le plus grand accroissement de valeur à la production annuelle. Le capital employé au commerce d’exportation est le moins productif des trois[2]. »

  1. C’est à bon droit qu’à ne considérer que les intérêts nationaux, Smith fait cas d’un gros revenu brut, c’est-à-dire d’une grande masse d’utilité produite. On ne devrait parler de revenu net que lorsqu’il est question des intérêts d’un particulier par opposition à ceux d’un autre. Le revenu net d’un particulier se compose de la valeur du produit auquel il a concouru, soit par son industrie, soit par ses capitaux, soit par ses terres, moins ses déboursés. Mais comme tous les déboursés qu’il a faits sont des portions de revenus qu’il a payées à d’autres, la totalité de la valeur du produit a servi à payer des revenus. Le revenu total d’une nation se compose de son produit brut ; c’est-à-dire de la valeur brute de tous ses produits qui se distribue entre les producteurs.

    Cette valeur, après plusieurs échangés, se consommerait tout entière dans l’année qui l’a vu naître, qu’elle n’en serait pas moins encore le revenu de la nation ; de même qu’un particulier qui a 20,000 fr. de revenu annuel, n’a pas moins 20,000 fr. de revenu annuel, quoiqu’il le mange tout entier chaque année. Son revenu ne se compose pas seulement de ses épargnes. — J.-B. Say.

  2. M. Say est de la même opinion qu’Adam Smith. « L’emploi le plus productif après celui-là, dit-il, pour le pays en général, est celui des manufactures et du commerce intérieur, parce qu’il met en activité une industrie dont les profits