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politiques, n’a lieu que pour ce pays seulement, entraîne des conséquences tout autres ; et bien loin qu’elle tende à rendre personne plus riche, elle tend à rendre chacun plus pauvre. La hausse du prix en argent de toutes les denrées et marchandises, qui, dans ce cas, est un fait particulier à ce pays, tend à y décourager plus ou moins toute espèce d’industrie au dedans, et à mettre les nations étrangères à portée de livrer presque toutes les diverses sortes de marchandises pour moins d’argent que ne le pourraient faire les ouvriers du pays, et, par là, de les supplanter, non-seulement dans les marchés étrangers, mais même dans leur propre marché intérieur. »

J’ai essayé de faire voir ailleurs qu’une diminution partielle de la valeur de l’argent, capable d’affecter à la fois les produits de l’agriculture et ceux des manufactures, ne peut jamais être permanente. Dire, dans ce sens, que l’argent éprouve une dépréciation partielle, c’est comme si l’on disait que tous les produits ont renchéri ; mais tant qu’on aura la liberté de les acheter avec de l’or et de l’argent dans le marché le moins cher, on les exportera en échange des produits des autres pays qui sont à meilleur marché, et la diminution de la quantité de ces métaux augmentera leur valeur dans l’intérieur ; les marchandises reprendront leur niveau ordinaire, et celles qui conviennent aux marchés étrangers seront exportées comme par le passé.

Ce n’est donc pas là, je pense, une raison qu’on puisse alléguer contre les prime.

Si donc la prime faisait hausser le prix du blé comparativement aux autres choses, le fermier y trouverait du profit, et il y aurait plus de terres mises en culture ; mais si la prime ne changeait pas la valeur du blé relativement aux autres choses, dans ce cas, la prime ne pourrait avoir d’autre inconvénient que celui consistant à la payer, et cet inconvénient, je suis loin de chercher à en dissimuler les effets ou à en diminuer l’importance.

« Il semble, dit le docteur Smith, que nos propriétaires ruraux, en imposant sur l’importation des blés étrangers de gros droits qui, dans les temps d’une abondance moyenne, équivalent à une prohibition, et en établissant les primes d’exportation, aient pris exemple sur la conduite de nos manufacturiers. Par ces moyens, les uns comme les autres ont cherché à faire monter la valeur de leurs produits. Peut-être n’ont-ils pas fait attention à la grande et essentielle différence établie par la nature entre le blé et presque toutes les autres sortes de marchandises. Lorsqu’au moyen d’un monopole