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CHAPITRE XXII.

DES PRIMES À L’EXPORTATION, ET DES PROHIBITIONS À L’IMPORTATION.


Une prime accordée à l’exportation du blé tend à en abaisser le prix pour le consommateur étranger, mais n’a point d’effet permanent sur son prix dans les marchés de l’intérieur.

Supposons que, pour retirer des capitaux les profits ordinaires, il soit nécessaire que le blé se vende en Angleterre 4 l. st. le quarter ; dans ce cas, il mie pourrait être exporté dans les pays étrangers où il ne se vendrait que 3 l. 15 sh. Mais si l’on donnait 10 sh. par quarter de prime d’exportation, on pourrait le vendre, dans le marché étranger, 3 l. 10 sh., et par conséquent il en résulterait le même profit pour le cultivateur de blé, soit qu’il le vendit 3 l. 10 sh. dans le marché étranger, ou 4 l. dans le pays même.

Une prime qui ferait donc baisser le prix du blé anglais, dans un pays étranger, au-dessous de ce qu’y coûte la production du blé, aurait naturellement pour effet d’augmenter la demande de blé anglais, en diminuant celle des blés du pays. Ce surcroît de demande de blé anglais ne saurait manquer d’en faire hausser le prix en Angleterre, et de l’empêcher de baisser, sur le marché étranger, jusqu’au taux où la prime tend à le faire descendre. Mais les causes qui pourraient agir de la sorte sur le prix courant du blé en Angleterre, n’auraient pas le moindre effet sur son prix naturel, ou sur les frais réels de production. Pour récolter du blé, il n’y aurait besoin ni de plus de bras ni de plus de fonds, et par conséquent, si les profits du capital du fermier n’étaient auparavant qu’en égalité avec ceux des capitaux des autres commerçants, après la hausse des prix ils les surpasseraient considérablement. En grossissant les profits du fermier, la prime agira comme un encouragement à l’agriculture, et le capital employé en manufactures en sera retiré pour être employé sur les terres jusqu’à ce qu’on ait fait face à l’accroissement des demandes extérieures. Quand cela sera arrivé, le prix du blé tombera de nouveau, dans le marché de l’intérieur, à son prix