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aperçu qu’à mesure que le capital grossit, l’ouvrage que ce capital doit faire exécuter augmente dans la même proportion. Cependant M. Say a prouvé de la manière la plus satisfaisante, qu’il n’y a point de capital, quelque considérable qu’il soit, qui ne puisse être employé dans un pays, parce que la demande des produits n’est bornée que par la production. Personne ne produit que dans l’intention de consommer ou de vendre la chose produite, et on ne vend jamais que pour acheter quelque autre produit qui puisse être d’une utilité immédiate, ou contribuer à la production future. Le producteur devient donc consommateur de ses propres produits, ou acheteur et consommateur des produits de quelque autre personne. Il n’est pas présumable qu’il reste longtemps mal informé sur ce qu’il lui est plus avantageux de produire pour atteindre le but qu’il se propose, c’est-à-dire, pour acquérir d’autres produits. Il n’est donc pas vraisemblable qu’il continue à produire des choses pour lesquelles il n’y aurait pas de demande[1].

Il ne saurait donc y avoir dans un pays de capital accumulé, quel qu’en soit le montant, qui ne puisse être employé productivement, jusqu’au moment où les salaires auront tellement haussé par l’effet du renchérissement des choses de nécessité, qu’il ne reste plus qu’une part très-faible pour les profits du capital, et que, par là, il n’y ait plus de motif pour accumuler[2]. Tant que les profits des capitaux

  1. Adam Smith cite la Hollande comme un exemple de la baisse des profits provenant de l’accumulation des capitaux et de la surabondance de capital affecté à chaque emploi. « Le gouvernement hollandais emprunte à 2 pour cent, et les particuliers qui ont bon crédit à 3 pour cent. » Mais il aurait fallu considérer que la Hollande est obligée d’importer presque tout le blé qu’elle consomme, et qu’en mettant de forts impôts sur les objets nécessaires à l’ouvrier, elle augmente encore les salaires du travail. Ces faits expliquent assez le taux peu élevé des profits et de l’intérêt en Hollande.
  2. L’expression suivante est-elle tout-à-fait d’accord avec le principe posé par M. Say ? « Plus les capitaux disponibles sont abondants en proportion de l’étendue des emplois, et plus on voit baisser l’intérêt des capitaux prêtés. » Liv. Il, chap. 8. Si des capitaux, quelque considérables qu’il soient, peuvent toujours trouver de l’emploi dans un pays, comment peut-on dire qu’ils sont abondants, comparés avec l’étendue de l’emploi qu’ils peuvent trouver ? (Note de l’auteur.)

    M. Ricardo tire ici une conséquence parfaitement juste du principe établi dans mon Traité d’Économie politique, et il explique d’une manière qui me paraît très-satisfaisante la baisse des profits-capitaux, ou intérêts, à mesure que les capitaux s’accroissent, quoique les emplois se multiplient avec les capitaux. Il est également certain que j’ai eu tort de dire que les capitaux peuvent être plus ou