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diminuer ou même à anéantir cette partie du capital du fermier qui est pour jamais identifiée avec la terre. Ils ne voient pas que tout commerce tend à augmenter la production, et que, par cet accroissement, le bien-être général est augmenté, quoiqu’il puisse en résulter quelque perte partielle. Pour être d’accord avec eux-mêmes, ils devraient chercher à arrêter tout perfectionnement en agriculture et en manufactures, et toutes les inventions de machines ; car, quoique tous ces perfectionnements contribuent à l’abondance générale, et par conséquent au bonheur de toute la société, ils ne manquent pourtant jamais, au moment où ils sont introduits, de détériorer ou d’anéantir une partie du capital existant des cultivateurs et des manufacturiers.

La culture des terres, ainsi que tous les autres commerces, surtout dans un pays commerçant, est sujette à une réaction, qui, dans un sens opposé, succède à l’action produite par une forte cause excitante. C’est ainsi que, si une guerre interrompt l’importation du blé, la hausse de prix qui s’ensuivra attirera les capitaux vers l’agriculture, par l’appât des gros profits qu’un tel emploi présente. Il en résultera probablement qu’il y aura plus de capital employé, et qu’il sera apporté au marché plus de denrées du sol qu’il n’en faut pour la demande du pays. Dans ce cas, le prix du blé tombera par l’effet de la surabondance, et jusqu’à ce que le terme moyen de l’offre se trouve de niveau avec celui de la demande, les cultivateurs seront sous le coup d’une crise douloureuse.