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à l’Angleterre ; et s’il est vrai que les crises commerciales et les sommes énormes dépensées pour la guerre continentale ont agi défavorablement sur nos côtes, il est plus vrai encore que cette dépression est due principalement à la dépréciation survenue dans la valeur de notre circulation comparée avec celle des autres pays.

Nous laisserons la parole maintenant à Mac Culloch, pour exposer, avec la lucidité et la concision ordinaires de sa phrase, les circonstances qui ont décidé Ricardo à aborder un public qui le terrifiait, et pour tracer l’enchaînement scientifique et chronologique de ses idées : — nous réservant de compléter, d’animer, s’il se peut, ce tableau, par le reflet des événements d’alors.

« Ricardo, en méditant sur les singulières anomalies que présentait l’état du change et la valeur de la circulation en papier, n’avait pas l’intention de les faire connaître au public. Mais en dépit de ses scrupules feu M. Perry, propriétaire et directeur du Morning-Chronicle, à qui il montra son manuscrit, obtint de l’insérer, sous forme de lettres, dans son journal. La première lettre parut le 6 septembre 1809. Elle produisit une grande impression et fit naître plusieurs répliques. Ce succès et l’intérêt croissant de la question engagèrent Ricardo à donner à ses idées plus de développement et une forme plus méthodique dans le Traité qui porte ce titre : Le haut prix des lingots est une preuve de la dépréciation des billets de banque. — Ce traité parut quelques mois avant la formation d’un comité spécial pour les lingots et contribua certainement beaucoup à faire adopter le plan de cette enquête importante. Ricardo fit voir dans ce traité que la surabondance ou l’insuffisance de la circulation tout des termes relatifs, et que tant que le système monétaire d’un pays se compose uniquement de monnaies d’or ou d’argent, ou de papier conversible en ces monnaies, il est impossible que le cours du change s’écarte des cotes étrangères d’une somme plus forte que celle nécessaire pour couvrir les frais d’importation de monnaies étrangères ou de lingots, dans le premier cas, et les frais d’exportation dans le second. Mais lorsqu’un pays émet un papier monnaie non conversible, comme c’était alors le cas de l’Angleterre, ce papier, il ne peut être exporté dans le cas où il est trop abondant sur la place : et par conséquent, toutes les fois que le change avec l’étranger baisse ou que le prix des lingots s’élève au-dessus de son prix en espèces monnayées de la somme nécessaire pour l’exportation des monnaies, c’est une preuve évidente qu’il a été émis trop de papier, et que sa valeur est tombée en raison de l’excès. »

« On a joint aux dernières éditions de ce Traité un Appendice qui renferme des observations ingénieuses sur quelques-uns des points les plus délicats de la théorie du change, et l’on y trouve en germe l’heureuse idée de faire échanger les billets de banque contre des barres d’or en lingots. »

« À la tête des adversaires qui combattirent les principes et les mesures