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CHAPITRE XVIII.

DE LA TAXE DES PAUVRES.


Nous avons vu que les impôts sur les produits agricoles et sur les profits du fermier retombent sur les consommateurs de ces produits ; car si le fermier n’avait pas le moyen de s’indemniser de l’impôt par le renchérissement de ces denrées, ses profits se trouvant réduits par là au-dessous du niveau général des profits, il se trouverait forcé de détourner son capital vers un autre genre de commerce. Nous avons vu ainsi qu’il ne pouvait rejeter l’impôt sur son propriétaire en en déduisant la valeur sur le prix de la rente ; car le fermier qui ne paierait pas de rente, aussi bien que celui qui cultiverait une meilleure terre, serait sujet à l’impôt, soit qu’il fût assis sur les produits immédiats de la terre ou sur les profits du fermier. J’ai aussi tâché de faire voir que, si un impôt était général, et qu’il affectât également tous les profits, ceux du manufacturier comme ceux de l’agriculteur, il n’opérerait ni sur le prix des marchandises ni sur celui des produits immédiats de la terre, mais il serait immédiatement ou définitivement payé par les producteurs. Un impôt sur les rentes, ainsi qu’il a déjà été observé, ne tomberait donc que sur le propriétaire, et ne saurait par aucun moyen être rejeté sur le fermier,

L’impôt pour les pauvres[1] tient de la nature de tous ces impôts,

  1. Voici l’état actuel de cette législation célèbre que la famine et une crise sociale menaçante viennent de naturaliser en Irlande. Les distributions à domicile ont été supprimées, et cette défense ne fléchit que dans certains cas exceptionnels, où des secours ; habilement distribués peuvent servir à compléter au dehors des salaires insuffisants, et à éviter l’encombrement du Work-house. Il n’est donc plus question ici de mendicité, ni de vasselage, ni d’aumônes dédaigneusement versées par la main du riche : il y a rémunération accordée par la paroisse à des hommes qui lui consacrent leurs efforts, leur temps. Dans le fait, les ateliers de charité, que recommandait déjà l’acte de la 43e année du règne d’Élisabeth, et que les gouvernements modernes se hâtent d’ouvrir aux époques où s’agite le lion