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jamais réduit la rente et le profit[1] des terres en orge. Le prix de la drèche a monté certainement, pour le brasseur, en proportion des impôts mis sur cette denrée ; et ces impôts, réunis aux droits sur la bière et l’ale, ont constamment fait monter le prix de ces denrées pour le consommateur, ou bien, ce qui revient au même, ils en ont fait baisser la qualité. Le paiement définitif de ces impôts est constamment retombé sur le consommateur, et non sur le producteur. »

M. Buchanan fait sur ce passage les remarques suivantes : « Un droit sur la drêche ne peut jamais réduire le prix de l’orge ; car, à moins qu’on ne put vendre aussi cher l’orge convertie en drêche que dans son état naturel, il n’en viendrait pas au marché la quantité nécessaire. Il est donc clair que le prix de la drèche doit monter à proportion du droit mis dessus ; car il serait impossible autrement de fournir à la demande. Le prix de l’orge est cependant autant un prix de monopole que celui du sucre ; ils rapportent l’un et l’autre une rente et le prix courant de tous les deux a également perdu tout rapport avec ce qu’ils ont pu coûter dans l’origine. »

Il paraîtrait donc que M. Buchanan est persuadé qu’un droit sur la drèche doit en élever le prix, mais qu’un impôt sur l’orge qui sert à préparer la drèche ne ferait point hausser le prix de l’orge ; et par conséquent, que si la drèche est frappée d’un impôt, il sera payé par le consommateur ; si l’orge est imposée, l’impôt en sera payé par le propriétaire ; car il éprouvera une diminution dans sa rente. D’après l’opinion de M. Buchanan, l’orge est donc à un prix de monopole, ou au plus haut prix que les acheteurs soient disposés à en donner ; mais la drèche, qui est préparée avec de l’orge, n’est pas au prix de monopole, et par conséquent elle peut renchérir à proportion des impôts dont on pourrait la frapper. L’opinion de M. Buchanan, sur les effets d’un droit sur la drèche, me semble être en contradiction directe avec l’opinion qu’il a émise au sujet d’un impôt semblable, celui sur le pain. « Un droit sur le pain, dit-il, sera acquitté en définitive, non par un surhaussement de prix, mais par une réduction de la rente[2]. » Si un droit sur la drèche fait hausser le prix de la bière, il faut bien qu’un droit sur le pain fasse renchérir le pain.

  1. Voyez la note précédente.
  2. Tom. III, pag. 355