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de bière, et ne porterait pas sur la rente du propriétaire. L’argument d’Adam Smith est un exposé si bien tracé de la manière dont j’envisage l’impôt sur la drêche, ainsi que tout autre impôt sur les produits agricoles, que je ne peux pas m’empêcher de le transcrire, en l’offrant à la méditation du lecteur.

« D’ailleurs, il faut toujours que la rente et les profits des terres en orge se rapprochent de ceux des autres terres également fertiles et également bien cultivées. S’ils étaient au-dessous, il y aurait bientôt une partie des terres en orge qui serait mise en une autre culture ; et s’ils étaient plus forts, plus de terre serait bientôt employée à produire de l’orge. Quand le prix ordinaire de quelque produit particulier de la terre est monté à ce qu’on peut appeler un prix de monopole, un impôt sur cette production fait baisser nécessairement la rente et le profit de la terre où elle croit[1]. Si l’on mettait un impôt sur le produit de ces vignobles précieux, dont les vins sont trop loin de remplir la demande effective pour que leur prix ne monte pas toujours au delà de la proportion naturelle du prix des productions des autres terres également fertiles et également bien cultivées, cet impôt aurait nécessairement l’effet de faire baisser la rente et le profit de ces vignobles. Le prix de ces vins étant déjà le plus haut qu’on en puisse retirer, relativement à la quantité qui en est communément envoyée au marché, il ne pourrait pas s’élever davantage, à moins qu’on ne diminuât cette quantité. Or, on ne saurait diminuer cette quantité sans qu’il en résultât une perte encore plus grosse, parce que la terre où ils croissent ne pourrait pas être consacré à une autre genre de culture dont le produit fût de valeur égale. Ainsi tout le poids de l’impôt porterait sur la rente et le produit du vignoble ; et à bien dire, il porterait sur la rente. Mais le prix ordinaire de l’orge n’a jamais été un prix de monopole ; la rente et le profit des terres en orge n’ont jamais été au delà de leur proportion naturelle avec ceux des autres terres également fertiles et également bien cultivées. Les différents impôts qui ont été établis sur la drèche, la bière et l’ale, n’ont jamais fait hisser le prix de l’orge ; ils n’ont

  1. J’aurais voulu que le mot profit eût été supprimé.

    Il faut que le docteur Smith croie que les profits des fermiers de ces vignobles précieux sont au-dessus du taux ordinaire des profits. S’ils ne l’étaient pas, ils ne paieraient point l’impôt, à moins qu’il ne leur fût possible de le rejeter sur le propriétaire ou sur le consommateur. (Note de l’Auteur.)