Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/271

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XVII.

DES IMPÔTS SUR LES PRODUITS NON AGRICOLES.


Par le même principe qu’un impôt sur le blé en élève le prix, un impôt sur toute autre denrée la fera également renchérir. Si le prix de cette denrée ne haussait pas d’une somme égale à celle de l’impôt, elle ne rapporterait pas au producteur le même profit qu’il retirait auparavant, et il déplacerait son capital pour lui donner un autre emploi.

Les impôts sur toute espèce de choses, qu’elles soient de nécessité ou de luxe, tant que la valeur de la monnaie reste la même, en feront toujours hausser la valeur d’une somme au moins égale à celle de l’impôt[1]. Un impôt sur les objets manufacturés, nécessaires pour

  1. M. Say observe « qu’un manufacturier ne peut pas faire payer au consommateur tout le montant de l’impôt levé sur sa marchandise, parce que la hausse du prix en diminuera la consommation. » Si cela arrivait, si la consommation diminuait, l’approvisionnement ne diminuerait-il pas promptement aussi ? Pourquoi le manufacturier continuerait-il son commerce, si ses profits tombaient au-dessous du niveau des profits des autres industries ? M. Say paraît avoir oublié aussi dans ce passage la doctrine qu’il a soutenue ailleurs, « que les frais de production déterminent le plus bas prix des choses, le prix au-dessous duquel elles ne tombent pas d’une manière durable, car alors la production s’arrête ou diminue. » Liv. II, chap. 4.

    « L’impôt, dans ce cas, porte donc en partie sur le consommateur, qui paie le produit plus cher, et en partie sur le producteur, qui, l’impôt déduit, se trouve l’avoir moins vendu. Le trésor public profite de ce que le consommateur paie de plus, et du sacrifice que le producteur est obligé de faire d’une partie de ses profits. C’est l’effort de la poudre qui agit à la foi sur le boulet qu’elle chasse, et sur le canon qu’elle fait reculer. » Liv. III, chap. 8. (Note de l’Auteur).

    J’ai déjà eu occasion de remarquer que M. Ricardo admet trop généralement et sans restriction que les capitaux et l’industrie se retirent d’une production qui ne donne pas des profits égaux aux profits des autres commerces. Dans presque tous les genres d’industrie, il se trouve des capitaux tellement engagés qu’on ne pourrait les retirer de leur emploi sans altérer considérablement leur valeur. Les