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capital sera par conséquent employé dans le commerce des vins, ou dans celui des meubles, mais il y en aura davantage d’employé à la fabrication des objets que le gouvernement se procure moyennant le produit des impôts qu’il lève.

M. Say dit que M. Turgot, en réduisant les droits d’entrée et de halle sur la marée de moitié à Paris, n’en diminua point le produit total, et qu’il faut par conséquent que la consommation du poisson ait doublé. Il en conclut qu’il faut que les profits du pécheur et de ceux qui font le commerce du poisson aient doublé aussi, et que le revenu du pays doit s’être accru de tout le montant de l’augmentation des profits, dont une partie, en s’accumulant, doit avoir augmenté les ressources nationales[1].

Sans examiner les motifs qui ont dicté une telle modification de l’impôt, qu’il me soit permis de douter qu’elle ait beaucoup encouragé l’accumulation. Si les profits du pêcheur et des autres personnes engagées dans ce commerce avaient doublé par suite de la consommation augmentée du poisson, certaines portions de capitaux et de travail auraient été détournées de quelque autre occupation pour être employées dans cette branche particulière de commerce. Mais le capital et le travail employés à ces autres occupations procuraient un profit auquel on a dû renoncer en les retirant de cet

  1. La remarque suivante du même auteur me semble également fausse « Lorsqu’on met un droit excessif sur les cotons, on nuit à la production de tous les tissus dont cette matière est la base. Si la valeur totale ajoutée aux cotons par les diverses manufactures s’élève en un certain pays à 100 millions par an, et que les droits réduisent de moitié cette activité, alors l’impôt ravit chaque année à ce pays 50 millions ; indépendamment de ce qu’il fait entrer dans le trésor. » Livre III, chapitre xviii. (Note de l’Auteur).