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les ouvrages manufacturés avec autant d’avantage qu’auparavant, et tant que le blé conserverait le même prix, — ce qu’admet le docteur Smith, — et qu’ils auront un surcroît de monnaie pour l’acheter, ils gagneraient, au lieu de perdre, a un tel impôt.

Si donc, ni les cultivateurs ni les manufacturiers ne contribuent à un tel impôt, et si les fermiers s’en dédommagent par la baisse de la rente, il n’y aura que les propriétaires fonciers qui en supporteront tout le fardeau, et ils devront encore fournir au surhaussement des profits du manufacturier. Mais pour effectuer cela, il faut qu’ils consomment tous les ouvrages manufacturés du pays ; car le surcroît de prix réparti sur toute la masse, est à peine supérieur à la valeur de l’impôt levé dans l’origine sur les ouvriers des manufactures.

Or personne ne niera que le fabricant de draps, le chapelier et les autres manufacturiers ne soient tous consommateurs respectifs de leurs marchandises ; tout le monde conviendra que tout ouvrier consomme du savon, du drap, des souliers, de la chandelle et plusieurs autres denrées : il est donc impossible que tout le fardeau de ces sortes d’impôts tombe uniquement sur les propriétaires.

Mais si les ouvriers ne paient aucune part de l’impôt, et que cependant le prix des ouvrages manufacturés hausse, les salaires doivent hausser, non-seulement pour les indemniser de l’impôt, mais encore à cause du renchérissement des objets manufacturés de première nécessité ; et cette hausse, en tant qu’elle affecte les travaux de l’agriculture, deviendra une nouvelle cause de la baisse de la rente, tandis qu’elle occasionnera une nouvelle hausse de prix des marchandises manufacturées. Ce surhaussement du prix des marchandises agira à son tour sur les salaires. L’action et la réaction, d’abord des salaires sur les marchandises, et ensuite des marchandises sur les salaires, s’étendra sans qu’on puisse lui assigner des limites. Les arguments sur lesquels repose cette théorie mènent à des conclusions si absurdes, qu’il est aisé de voir du premier coup d’œil que le principe posé est tout à fait insoutenable.

Toutes les variations qu’éprouvent les profits du capital et les salaires du travail, par la hausse des rentes et par celle des objets de première nécessité, dans le progrès naturel de la société, et la difficulté croissante de la production, seront également occasionnées par l’accroissement de salaires que cause un impôt ; et par conséquent les jouissances de l’ouvrier, aussi bien que celles de ceux qui l’emploient,