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subsistances est quelquefois occasionné par un manque d’approvisionnement, M. Buchanan conclut qu’il en est un indice certain. Il attribue exclusivement à une cause ce qui peut être opéré par plusieurs. Il est sans doute vrai que, dans le cas de diminution de l’approvisionnement, la quantité à partager entre le même nombre de consommateurs sera moindre, et qu’il en reviendra à chacun une plus petite part. Pour répartir cette privation d’une manière égale, et pour empêcher le travailleur de consommer autant de subsistances que par le passé, le prix hausse. On doit donc accorder à M. Buchanan que toute hausse dans le prix des subsistances, occasionnée par le manque d’approvisionnement, n’augmentera pas nécessairement les salaires en argent ; car la consommation devant être diminuée, ce but ne peut être atteint qu’en diminuant les moyens que le consommateur a d’acheter. Mais de ce que le prix des subsistances s’élève par le manque d’approvisionnement, cela ne nous autorise nullement à conclure, avec M. Buchanan, qu’un approvisionnement abondant est incompatible avec le renchérissement des prix, non pas seulement par rapport à l’argent, mais par rapport à toutes les autres choses.

Le prix naturel des denrées, d’après lequel se règle leur prix courant, dépend, en dernière analyse, de la facilité de la production ; mais la quantité produite n’est pas proportionnée à cette facilité. Quoique les terres qui sont actuellement mises en culture soient très-inférieures à celles qui ont été cultivées il y a des siècles, et que par conséquent la production soit devenue plus difficile, qui pourrait cependant douter que la quantité actuelle des produits ne surpasse de beaucoup celle du temps passé ? Non-seulement le haut prix est compatible avec l’augmentation de l’approvisionnement, mais l’un va rarement sans l’autre. Si donc, par suite de l’impôt ou par la difficulté de la production, le prix des subsistances monte, sans que la quantité en soit diminuée, les salaires du travail en ar-

    code, grâce à la plume incisive et humoristique de M. Bastiat, grâce à la parole tantôt brillante, tantôt grave, tantôt mordante de MM. d’Harcourt, Blanqui, Faucher, Dunoyer, Chevalier, Wolowski, etc., grâce surtout au plus grand de tous les maîtres : l’expérience. Il s’est trouvé de plus que, pour leur début, ces doctrines de liberté ont préservé l’Europe d’une disette effrayante, et de secousses épouvantables. Elles ont payé leur bienvenue dans ce monde en sauvant des milliers de malheureux dont nous entendions déjà le râle en Irlande, en Angleterre, et chez nous-mêmes. Qu’en dit M. Buchanan ? A. F.