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CHAPITRE XVI.

DES IMPÔTS SUR LES SALAIRES.


Des impôts sur les salaires feront monter les salaires, et diminueront par conséquent le taux des profits du capital. Nous avons déjà vu qu’un impôt sur les objets de première nécessité en faisait hausser le prix, et était suivi de la hausse des salaires. La seule différence entre un impôt sur les objets de première nécessité et un impôt sur les salaires, consiste en ce que le premier est nécessairement suivi de la hausse du prix des objets de première nécessité, et que le second ne l’est pas Un impôt sur les salaires ne pèse donc ni sur le capitaliste, ni sur le propriétaire foncier ; il pèse uniquement sur ceux qui emploient des travailleurs. Un impôt sur les salaires n’est autre chose qu’un impôt sur les profits, tandis qu’un impôt sur les objets de première nécessité est en partie un impôt sur les profits, et en partie un impôt sur les consommateurs riches. Les effets qui doivent résulter, en dernière analyse, de pareils impôts, sont précisément les mêmes que ceux occasionnés par un impôt direct sur les profits.

« Deux circonstances différentes, dit Adam Smith, comme j’ai tâché de le faire voir dans le premier Livre, règlent partout nécessairement le salaire des ouvriers ; savoir : la demande de travail et le prix moyen ou ordinaire des denrées. La demande de travail, selon qu’elle se trouve aller en augmentant, ou rester stationnaire, ou aller en décroissant, règle différemment la nature de la subsistance du travailleur, et détermine le degré auquel cette subsistance sera, ou abondante, ou médiocre, ou chétive. Le prix moyen et ordinaire des denrées détermine la quantité d’argent qu’il faut payer à l’ouvrier pour le mettre, une année portant l’autre, à même d’acheter cette subsistance abondante, médiocre ou chétive. Ainsi, tant que la demande de travail et le prix des denrées restent les mêmes, un impôt direct sur les salaires du travail