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quent nous continuerions, pendant un certain temps, à acheter, quoique ayant cessé de vendre ; nous exporterions de l’argent ou des lingots, jusqu’à ce que les prix relatifs des marchandises redevinssent à peu près tels qu’ils étaient auparavant. Il me parait indubitable qu’un impôt bien réglé, prélevé sur les profits, doit, en dernière analyse, ramener les marchandises du crû et celle de l’étranger au prix en argent qu’elles donnaient avant l’établissement de l’impôt.

Comme les impôts sur les produits agricoles, la dime, les impôts sur les salaires, et sur les objets de première nécessité, augmentent les salaires et font baisser les profits, ils produiront tous les mêmes effets, quoique dans des degrés différents.

La découverte des machines qui améliorent grandement les produits nationaux, tend toujours à élever la valeur relative de l’argent et à favoriser par conséquent son importation. Tout impôt, toute nouvelle entrave qu’éprouve le manufacturier, ou le cultivateur, tend au contraire à faire baisser la valeur relative de l’argent, et par conséquent à en favoriser l’exportation[1]

  1. M. Ricardo, dans tout ce chapitre, et dans plusieurs autres endroits de son ouvrage, ne fait pas attention qu’il y a une autre variation de prix qu’une variation purement relative. Pour lui l’argent devient plus cher si dans un achat on donne moins d’argent pour avoir une même marchandise. À ce compte, comme on donne à présent seulement une once d’argent environ pour acheter un volume ordinaire, un Nouveau-Testament, par exemple ; tandis que pour se procurer le même ouvrage en l’année 1500, il fallait donner environ deux onces d’argent, il en résulterait que l’argent est devenu plus cher, plus précieux, puisqu’on en donne moins pour une quantité de marchandise pareille. Cependant il n’en est rien. D’autres considérations nous ont appris, au contraire, que l’argent est dix fois plus abondant, et environ quatre fois meilleur marché qu’en 1500. Si l’on donne une fois autant de livres pour un même poids d’argent, il faut donc que les livres aient diminué de prix dans la proportion à peu près de huit à un.

    Il m’est impossible de me livrer ici aux développements qui seraient nécessaires pour faire entendre la différence qu’il y a entre une baisse réelle et une baisse relative des prix ; on les trouve dans mon Traité d’économie politique, liv. II, chap. 4. Ils se réduisent en somme à ceci : la baisse du prix d’un produit est réelle lorsque, avec les mêmes moyens de production, les mêmes frais de production, le même terrain, le même capital, le même travail, on obtient une plus grande quantité de produit. Un livre imprimé, comparé avec un livre manuscrit, coûte huit fois moins d’intérêt de capital et de main-d’œuvre : donc il est réellement huit fois moins cher.

    Une once d’argent coûte, en Europe, quatre fois moins d’avances et de main-d’œuvre