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blé montera donc promptement par l’effet de l’impôt, et le fermier aura le moyen d’en rejeter le fardeau sur le consommateur.

Si les mines qui nous fournissent de l’or étaient dans ce pays, et si l’or était imposé, il ne pourrait hausser de valeur par rapport aux autres choses, tant que sa quantité ne serait pas réduite. Cela arriverait surtout si l’on se servait exclusivement de l’or pour fabriquer la monnaie. À la vérité, les mines les moins productives, celles qui ne paient pas de loyer, ne pourraient plus être exploitées ; car, pour rendre le taux général des profits, il faudrait que la valeur relative de l’or haussât d’une somme égale à celle de l’impôt. La quantité de l’or, et par conséquent celle de la monnaie, diminuerait lentement ; la diminution serait faible la première année, plus forte la seconde, et à la longue la valeur de l’or hausserait à proportion de l’impôt. Mais, dans l’intervalle, les capitalistes ou les possesseurs de l’or paieraient l’impôt, qui se trouverait ainsi ne pas peser sur les personnes qui se servent de monnaie. Si sur chaque mille quarters de blé existant actuellement dans le pays, et sur chaque mille quarters de blé qui seraient produits par la suite, le Gouvernement prélevait un impôt de cent quarters, le reste s’échangerait contre la même quantité de marchandises que l’on se procurait auparavant avec les mille quarters. Si l’on en faisait autant par rapport à l’or, et si, sur chaque 1,000 liv. sterl. de numéraire actuellement existant dans le pays, ou qui pourrait y être apporté par la suite, le Gouvernement prélevait un impôt de 100 l., les 900 l. qui restent n’achèteraient qu’une bien petite valeur au delà de ce que les 900 l. auraient pu acheter avant l’impôt. L’impôt retomberait sur celui dont la fortune consisterait en argent, et continuerait à peser sur lui jusqu’à ce que la quantité de l’argent se trouvât réduite en proportion de l’augmentation des frais occasionnés par l’impôt[1].

  1. L’auteur met ici en opposition deux impôts supposés ; mais je crains qu’il ne se trompe sur l’effet qu’il leur attribue. Si le gouvernement levait cent quarters de blé sur mille, et continuait à les lever, les neuf cents quarters qui resteraient ne vaudraient jamais plus que neuf cents ; car les cent quarters levés par le gouvernement retourneraient toujours à la consommation, quoique dans l’intérêt du prince. Il y aurait toujours la même quantité produite et le même nombre de consommateurs. Quant à l’impôt sur l’or, je pense, au contraire, que le gouvernement, en raison du monopole de la fabrication des monnaies, pourrait mettre dans la circulation neuf cents onces d’or en monnaie, et les faire valoir autant que mille en lingots. — J.-B. Say.