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à la quatrième des maximes énoncées ci-dessus ; mais il ne l’est point à la première. Il peut enlever au public plus qu’il ne rapporte au trésor de l’État ; mais il ne pèsera inégalement sur aucune classe particulière de contribuables.

M. Say me parait avoir mal saisi la nature et les effets de l’impôt foncier en Angleterre dans le passage suivant : « Plusieurs écrivains attribuent à cette fixité d’évaluation la haute prospérité où l’agriculture est portée en Angleterre. Qu’elle y ait beaucoup contribué, c’est ce dont il n’est pas permis de douter ; mais que dirait-on si le gouvernement, s’adressant à un petit négociant, lui tenait ce langage : Vous faites, avec de faibles capitaux, un commerce borné, et votre contribution directe est en conséquence peu de chose. Empruntez et accumulez des capitaux, étendez votre commerce, et qu’il vous procure d’immenses profits : vous ne paierez toujours que la même contribution ; bien plus, quand vos héritiers succéderont a vos profits, et les auront augmentés, on ne les évaluera que comme ils furent évalués pour vous, et vos successeurs ne supporteront pas une plus forte part des charges publiques.

Sans doute ce serait un grand encouragement donné aux manufactures et au commerce ; mais serait-il équitable ? Leur progrès ne pourrait-il avoir lieu qu’à ce prix ? En Angleterre même, l’industrie manufacturière et commerciale n’a-t-elle pas, depuis la même époque, fait des pas plus rapides encore, sans jouir de cette injuste faveur ?

Un propriétaire, par ses soins, son économie, son intelligence, augmente son revenu annuel de 5,000 fr. Si l’État lui demande un cinquième de cette augmentation de revenu, ne lui reste-t-il pas 4,000 fr. d’augmentation pour lui servir d’encouragement ? »

Si l’on suivait l’idée de M. Say, et que l’État réclamât du fermier le cinquième de son revenu augmenté, cette contribution serait injuste ; elle entamerait les profits du fermier sans affecter les profits des autres branches d’industrie. Toutes les terres seraient également sujettes à l’impôt, celles qui rendent peu et celles qui rapportent beaucoup ; et sur les terres qui ne paient pas de rente, il ne pourrait y avoir de compensation à l’impôt dans une réduction de la rente. Un impôt partiel sur les profits ne frappe jamais le genre d’industrie sur lequel il est assis ; car le commerçant quittera son commerce, ou se remboursera de l’impôt. Or, ceux qui ne paient pas de rente, ne pouvant être dédommagés que par la hausse du prix des produits,