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sur l’autre de ces terres, sera de 100 l. pour la terre fertile de même que pour la terre ingrate. Par conséquent le consommateur de blé aura non-seulement à contribuer pour les dépenses de l’État, mais il paiera encore au cultivateur du meilleur de ces deux terrains, pendant le temps de son bail, 100 sch. qui viendront ensuite s’ajouter à la rente du propriétaire.

Un impôt de cette nature est donc en opposition avec la quatrième maxime d’Adam Smith ; car il tirerait de la poche du peuple une valeur plus forte que celle qui entrerait dans les coffres de l’État.

    économique tous les abus. Le licenciement de la moitié de l’armée, suivant le mode prussien, n’ôterait rien de leur héroïsme à nos soldats, restituerait à la production des bras vigoureux, et permettrait de faire à la nation la remise de deux à trois cents millions. Or, ce licenciement que tout rend probable, s’effectuera dès l’instant où comprenant l’amère tristesse de Napoléon à Eylau, on se détournera avec horreur des champs de bataille. La philosophie nous apprend en effet que toutes les fois qu’on creuse la tombe d’un homme on creuse celle d’une richesse matérielle et intellectuelle : la nation perd un citoyen, la famille un ami, l’Économie politique une valeur — et la plus noble de toutes.

    Si maintenant nous voulions résumer en quelques ligues, nos idées sur la répartition de l’impôt, sur le point où il doit cesser et commencer, nous proposerions, en complétant et élargissant les maximes posées par Sismondi, Smith et Ricardo, les règles suivantes :

    1o L’impôt, pour être régulièrement et solidement assis, doit atteindre surtout les revenus fixes, les propriétés, les différentes branches du travail industriel et commercial, par les contributions directes, les patentes et une application judicieuse de l’income-tax (taxe sur les revenus).

    2oL’impôt, pour être équitable, doit ne s’adresser aux revenus incertains, variables de l’employé, de l’artiste, de l’ouvrier, qu’après avoir épuisé toutes les autres sources de recettes.

    3o L’impôt, pour être réellement proportionnel, doit effleurer seulement les objets de consommation nécessaire pour peser lourdement sur les matières de luxe et d’ostentation. De même. De taxe sur les revenus devra tenir compte non seulement du chiffre des revenus, mais encore de leur destination, et ne pas demander 5 pour cent à un pauvre rentier de 500 fr., comme au Nabab qui reçoit annuellement 500,000 francs.

    4o L’impôt, pour être productif, doit être modéré, et l’être d’autant plus, qu’il atteindra des objets de consommation générale, qui s’adressent surtout aux humbles, aux pauvres.

    De cette manière on attend, pour y puiser, que les richesses du pays soient créées et on n’en tarit pas les sources en accablant le travailleur : de cette manière on est juste tout en étant charitable, charitable tout en étant habile, noble et triple résultat que nous recommandons à nos législateurs. A.F.