Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui pût engager à importer des marchandises du dehors. Supposons, par exemple, que les marchandises importées coûtent à l’étranger 100 l., et qu’elles rapportent dans le pays 120 l. : l’importation cessera aussitôt que, par l’augmentation de la valeur du numéraire, elles ne rapporteront plus que 100 l., ce qui cependant ne peut jamais arriver. Ce qui nous engage à faire venir une marchandise de l’étranger, c’est de savoir qu’elle s’y vend à meilleur marché, c’est la comparaison de son prix naturel au dehors avec son prix naturel dans le pays. Si un pays exporte des chapeaux, et importe du drap, il n’agit ainsi que parce qu’il peut obtenir plus de drap en faisant plus de chapeaux et les échangeant contre du drap, que s’il fabriquait le drap lui-même. Si la hausse des matières premières rendait la fabrication des chapeaux plus chère, elle occasionnerait aussi plus de frais dans la fabrication du drap ; et si les deux articles étaient faits dans le pays, ils hausseraient l’un et l’autre : cependant l’un des deux articles étant une marchandise importée, ne renchérirait ni ne baisserait de prix quand la monnaie hausserait de valeur ; car, en ne baissant pas de prix, le drap reprendrait la valeur relative naturelle qu’il avait par rapport à la marchandise exportée. La hausse des matières premières fait monter le prix des chapeaux de 30 sh. à 33 sh., ou de 10 pour cent : la même cause, si nous fabriquions du drap, le ferait hausser de 20 à 22 schellings par aune. Cette hausse ne détruit pas la relation entre le drap et les chapeaux ; car un chapeau vaudrait encore, comme il valait par le passé, une aune et demie de drap. Mais si nous importons du drap, le prix en restera constamment à 20 schellings l’aune, malgré la première baisse survenue tout d’abord dans la valeur de la monnaie et la hausse qui l’a suivie ; tandis que les chapeaux, qui avaient haussé de 30 sch. à 33 sch., retomberont de 33 sch. à 30 sch., taux auquel le rapport entre le prix du drap et des chapeaux se trouvera rétabli.

Pour simplifier l’objet de cette recherche, j’ai supposé jusqu’ici qu’une hausse dans la valeur des matières premières affecte dans une proportion égale toutes les marchandises nationales, en sorte que si l’une éprouve une hausse de 10 pour cent, toutes les autres haussent également de 10 pour cent. Mais comme la valeur des marchandises se compose de quantités très-différentes de matières premières et de main-d’œuvre, et comme la hausse des produits naturels n’influerait pas sur quelques marchandises, celles, par exemple, qui sont fabriquées avec des métaux, il est évident que la plus grande variété